21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 19:16

Au jour de son premier anniversaire, le GIT (Groupe international de travail « Liberté de recherche et d'enseignement en Turquie ») annonce qu'a été décidé le principe d'une grande conférence internationale qui se tiendra à Istanbul. Elle réunira les membres des différentes branches constitutives de cette initiative ainsi que d'autres chercheurs invités et universitaires spécialistes. Cette conférence dressera le tableau des libertés de recherche et d'enseignement en Turquie, fera le bilan des activités du GIT sous toutes leurs formes, et pilotera une série de travaux sur l'objet de ces libertés. Les détails de l'organisation seront précisés au cours du premier trimestre 2013.  


GIT Initiative

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 00:09

 

Demain 21 novembre 2012,

 

le Groupe international de travail GIT

« Liberté de recherche et d’enseignement en Turquie »

 

aura un an

 

 

 

Un an de mobilisation internationale

 

Les activités de la branche française

 

21 novembre 2011-21 novembre 2012

 

Document de synthèse – Document de travail

 

 

Rédigé par GIT France, 20 novembre 2012

 

Voir le Document de travail en allant sur « Archives », sur ce même site

 

I. Document de synthèse. Création, principes et missions du GIT

 

 

La Turquie contemporaine est aujourd’hui dominée par un pouvoir conservateur, de plus en plus autoritaire, incarné dans le parti AKP et son leader incontesté, Recep Tayyip Erdoğan, lesquels contrôlent le Parlement, le gouvernement, la présidence de la République, de très nombreuses municipalités et, depuis la soumission du pouvoir militaire, la justice, la diplomatie, l’armée et la totalité des forces de sécurité. A cela s’ajoute la puissance économique de l’AKP et ses dirigeants, le très large contrôle de la presse et des groupes de médias, les tentatives de mise au pas des universités comme celle de Galatasaray.

 

Alors que les libertés civiles, publiques et politiques avaient pu progresser après la victoire de l’AKP aux élections générales de 2002, le parti se présentant comme celui de la démocratie, de la paix, de la prospérité et du projet européen, celles-ci se retrouvent une nouvelle fois sous le feu d’une répression de plus en plus sévère. Cette répression frappa pour commencer les milieux kémalistes militaires, mais aussi civils et intellectuels, accusés d’avoir planifié une conspiration massive contre le gouvernement islamo-conservateur. Une instruction monstre dit « Ergenekon », violant les règles élémentaires de droit, aboutit à l’emprisonnement de dizaines de prisonniers politiques dont des journalistes qui enquêtaient sur les pratiques gouvernementales.

 

La question kurde, qui avait semblé trouver un début de solution à travers l’approche pragmatique de l’AKP, retomba dans un manichéisme simpliste où tout partisan d’un dialogue avec la minorité kurde se voit menacé d’arrestation pour terrorisme, en vertu de la loi anti-terreur. Cette nouvelle politique répressive, qui débuta au milieu de l’année 2010, s’exerça en premier lieu sur les cadres et les militants du parti autorisé pro-kurde, le BDP. Puis furent visés les intellectuels favorables à une paix avec les Kurdes, à l’octroi de droits culturels et au respect des libertés fondamentales dans les régions à majorité kurde – la meilleure politique pour marginaliser l’option de la lutte armée et de la répression militaires. Des arrestations massives d’intellectuels – éditeurs, traducteurs, chercheurs, universitaires, étudiants – eurent lieu à partir de l’automne 2011. Un autre procès monstre fut orchestré, à partir de l’accusation d’appartenance à une internationale terroriste kurde dite « KCK », celle-ci fonctionnant selon les procureurs sous couvert de l’académie culturelle du BDP. D’anciens procès politiques comme celui visant la sociologue Pınar Selek sont relancés avec un acharnement particulier.

 

L’implication d’intellectuels d’origine non kurde dans la question kurde témoignait du souci de traiter cette dernière comme un problème politique pouvant trouver sa solution dans l’engagement pour la démocratie en Turquie. Elle exprimait aussi la volonté de traiter de l’histoire turque en termes de recherche de vérité et d’usage des sciences sociales, comme au sujet du génocide des Arméniens et du sort des minorités religieuses, ethniques ou sociales en Turquie. Il est symptomatique de constater que les premières grandes figures d’intellectuels arrêtés durant le mois d’octobre 2011 furent Ragıp Zarakolu, l’éditeur le plus actif dans la publication d’études sur le génocide arménien, le destin des minorités et la question kurde, et Büşra Ersanlı, sociologue, universitaire, spécialiste de la fabrique turque de l’histoire officielle. Même si ces deux arrestations ne peuvent faire oublier celles de centaines d’étudiants demandant plus de démocratie dans les universités, elles sont cependant emblématiques de la politique répressive conduite sur les personnes mais aussi sur la liberté de pensée, de recherche et d’enseignement en Turquie.   

 

La violence avec laquelle le pouvoir d’Etat et le pouvoir politique s’acharnent sur ces intellectuels définit objectivement un « tournant liberticide » en Turquie, où les gardes à vue, les dossiers d’accusation et les détentions préventives indéfiniment prolongées traduisent un viol caractérisé des principes fondamentaux établissant une justice juste, preuve d’un basculement de la démocratie proclamée vers un despotisme accéléré. Le millier d’arrestations opérées depuis octobre 2011, auxquels s’ajoutent les sept à huit mille membres du BDP incarcérés et les inculpés et condamnés dans un autre procès monstre, celui d’Ergenekon visant les kémalistes, intellectuels nationalistes mais aussi journalistes enquêtant sur les pratiques du pouvoir. Avec ses dix mille prisonniers politiques estimés, la Turquie a retrouvé les premiers rangs des nations enfermant les défenseurs des droits humains et les intellectuels indépendants.

 

En dépit de cette répression de haute intensité, les intellectuels démocrates turcs qui ont échappé aux arrestations ont dénoncé cette politique répressive, ont manifesté leur solidarité avec les emprisonnés et ont organisé leur défense. Ce nouvel engagement, qui fait suite à beaucoup d’autres depuis la naissance de la République en 1923, souligne la constance des combats intellectuels en Turquie et traduit la haute conscience démocratique dont sont porteurs nombre de ces acteurs de la société civile. Une place particulière est accordée dans ces engagements aux artistes, autant qu’aux journalistes et juristes, ainsi qu’aux chercheurs, jeunes chercheurs doctorants et universitaires. La place des femmes dans ces actions est également élevée.

 

Le caractère gravissime du viol des libertés de recherche et d’enseignement en Turquie et la volonté d’agir en faveur de ces dernières ont convaincu un groupe de chercheurs et d’universitaires travaillant en France de constituer un réseau international précisément fondé sur la défense de telles libertés considérées comme fondamentales et partagées, au-delà des frontières, des Etats et des nations. Non seulement elles conditionnent la pratique régulière des savoirs scientifiques mais, de plus, elles supposent un cadre général de démocratie politique, intellectuelle et sociale. La désignation d’un tel objectif commun à des chercheurs du monde entier conduit à s’intéresser aussi bien à la philosophie, à la sociologie ou à l’histoire de ces libertés, qu’à la situation d’un Etat et d’un parti politique en guerre contre celles-ci. L’articulation d’un combat de solidarité professionnelle avec une contribution savante à la connaissance est ainsi constituée.

 

Ces principes généraux ont défini la création, à Paris le 21 novembre 2011, d’un « Groupe international de travail » [GIT] en faveur de la « Liberté de recherche et d’enseignement en Turquie ». La structure en GIT est inédite et a été inventée à cette occasion par une première équipe. Datée du même jour, une déclaration inaugurale fut signée par trente-deux chercheurs. Elle définit les principes et les objectifs du GIT constitué internationalement sous l’appellation « GIT Initiative ». Celle-ci suggéra la création, dans tout pays ouvert à ce type d’action, d’antenne indépendante souscrivant aux principes adoptés le 21 novembre 2011, et proposa des règles de méthode. Des antennes virent le jour, en quelques semaines, en Amérique du Nord, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Grèce, ainsi qu’en Turquie. Certains de ces groupes se donnèrent leur propre déclarations inaugurales, et tous ou presque se dotèrent de sites internet.

 

Ces branches ne sont pas stricto-sensu des groupes nationaux, mais réunissent des chercheurs travaillant dans un milieu scientifique et intellectuel donné. Le GIT est étranger à des caractérisations ethniques ou nationales, et s’attache essentiellement à promouvoir la circulation des personnes, des libertés et des savoirs. Le document de travail qui accompagne (ci-dessous) cette synthèse détaille et documente l’histoire du GIT, le contexte et les raisons de sa naissance, et la première année d’activité de la branche française.

 

L’antenne de France fut créée le 21 novembre 2011, simultanément à la constitution du GIT Initiative. Relativement à l’action du GIT France, celui-ci a concentré ses efforts sur un triple registre. Il s’est agi d’abord d’aider à la création des antennes (de ce point de vue, GIT France a contribué à l’activité du GIT Initiative) grâce à ses contacts et à son expérience tout en s’appliquant à leur laisser une pleine indépendance et à ne pas interférer dans leurs choix. Il s’est agi dans le même temps de favoriser une connaissance approfondie des libertés de recherche et d’enseignement en Turquie, et de soutenir le travail de veille autant que d’intervention sur la situation des collègues emprisonnés ou menacés. Il s’est agi enfin, dans la conformité de l’idée fondant le GIT, de travailler comme chercheur et d’instituer à cette fin un Atelier universitaire, accueilli dans les locaux l’Ecole des hautes études en sciences sociales, et dont les activités ont consisté en des recherches ou des soutiens aux recherches sur la liberté de la recherche et d’enseignement en Turquie (voir les Archives sur ce site GITFrance).

 

L’action du GIT a été particulièrement visible le 2 juillet 2012, à l’ouverture du procès monstre « KCK » à Silivri, un énorme complexe judiciaire et pénitentiaire installé à une heure de route d’Istanbul. Une forte délégation du GIT Turquie et de représentants du GIT Initiative était présente. Libérée préventivement le 13 juillet, le professeur Büşra Ersanlı a souligné le rôle du GIT dans ce relatif recul de la justice répressive turque. Depuis les relatifs succès de l’été 2012, dus notamment à l’importance de la mobilisation intellectuelle internationale et à l’action constante sur le terrain, une nouvelle étape dans la répression a été enregistrée. Le mouvement de grève de la faim des prisonniers politiques, surtout kurde, est combattu par le gouvernement, au prix de la mort probable des grévistes. Une solidarité de principe s’est affirmée par les intellectuels et chercheurs, elle veut s’opposer à la situation carcérale alarmante dans les prisons turques.

 

 

Se dressant devant ces actes répétées de violation des droits fondamentaux, la création du Groupe international de travail « Liberté de recherche et d’enseignement en Turquie » a voulu signifier solennellement la puissance des internationales scientifiques dans le monde, l’importance que leurs membres accordent aux libertés de recherche et d’enseignement, la gravité de la situation turque, enfin l’efficacité des solidarités universitaires pour s’opposer aux politiques répressives des Etats ou des partis.

 

. Hamit Bozarslan, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales/EHESS (histoire, sociologie), Yves Déloye, professeur à Sciences Po Bordeaux et à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (science politique), secrétaire général de l’Association française de science politique, Vincent Duclert, professeur agrégé à l’EHESS (histoire), Diana Gonzalez, docteure de l’EHESS (sociologie, esthétique), Ferhat Taylan, doctorant à l’université de Bordeaux et traducteur (philosophie). Rejointe temporairement par Cengiz Cağla, professeur invité à l’EHESS (science politique), cette équipe intégra par la suite Emine Sarikartal, doctorante à l’université de Paris-Ouest, traductrice et éditrice (philosophie).

. Voir le site officiel www.gitinitiative.com

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19 novembre 2012 1 19 /11 /novembre /2012 23:58

Aujourd’hui s’est déroulée à Bursa une nouvelle audience dans le procès de l'étudiante franco-turque Sevil Sevimli (voir l’Appel du GIT en date du 2 novembre 2012 publié sur ce site).

A l'issue de deux heures de débats, la cour criminelle a rejeté une nouvelle fois la demande de levée du contrôle judiciaire. La prochaine audience a été fixée au 16 janvier 2013.

Le président de l'université de Lyon 2, Jean-Luc Mayaud, où Sevim Sevimli suivait ses études avant de venir en Turquie, était présent. Il a déclaré, à l’issue de l’audience : « Les faits sont très fragiles, il y a une discordance entre ce que dit la loi turque et ce qu'en disent les services de sécurité ». « C'est une étudiante de chez moi et je viendrai la chercher", a-t-il ajouté. 

L’Appel du GIT a souligné combien le cas Sevil Sevimli était emblématique d’un acharnement à criminaliser l’indépendance des étudiants. Cette affaire doit être prise très au sérieux.  

  

Jeudi 22 novembre à Istanbul aura lieu un autre procès, celui en appel de Pınar Selek (voir le blog dédié ainsi que le site pinarselek.fr ). le cas de cette chercheuse aujourd’hui réfugiée en France relève du déni de justice, comme l’écrit l’historien Etienne Copeaux dans une lettre qu’il lira jeudi devant le tribunal (http://www.susam-sokak.fr/article-soutien-a-p-nar-selek---22-novembre-112537622.html).

 

« Car c'est bien de cela qu'il s'agit : la sociologue a été acquittée trois fois, les chefs d'inculpation n'ont pas résisté aux expertises, il n'y a plus de charge contre elle. Pourtant le jugement est sans cesse reporté, et lorsqu'un jugement est prononcé en sa faveur, il est cassé.

Ce déni de justice est à l'origine d'une peine extra-légale : l'extension indéfinie de la durée d'un procès ; il s'agit d'une véritable torture psychologique qui empêche le ou la prévenue de vivre une vie normale. Selon la Convention européenne des droits de l'homme (art. 6), que la Turquie a signée, « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue (...) dans un délai raisonnable ». Est-ce que la justice turque estime « raisonnable » un délai de quatorze ans pour juger un crime qui n'a pas été commis ?

Pınar Selek a déjà été emprisonnée durant deux ans et demi, pour rien. Elle sait que si elle rentre en Turquie, elle risque à nouveau la prison. Elle est donc contrainte à l'exil, pour pouvoir vivre normalement et continuer ses travaux de recherche, car elle est une travailleuse infatigable. C'est donc une peine de relégation extra-judiciaire qui a été infligée à Pınar Selek, comme à de nombreux autres citoyens turcs. Ainsi par la simple menace, par la pression du système juridique, la Turquie peut se débarrasser de certains intellectuels qu'elle juge gênants.

Non seulement c'est une violence extra-légale faite aux opposants, mais c'est une perte absurde pour le pays. Les intellectuels de la trempe de Pınar Selek sont une richesse, ils représentent l'avenir.

Certes, cela a été un honneur pour nous, en Allemagne, puis en France, de l'accueillir. Mais son pays est la Turquie, sa ville est Istanbul, son terrain de recherche est ici.  [...]

Certes, la Turquie a les apparences d'un Etat de droit ; mais le droit est construit pour exercer la contrainte, la justice est transformée en un instrument de répression : elle atteint un degré d'état d'exception, de régime autoritaire et coercitif, qui cherche à intimider sa population et à imposer le silence.

J'ai déjà mentionné le déni de justice, la prolongation indéfinie de certains processus judiciaires ; je dois mentionner aussi l'outrepassement du droit, qui fait que les juges peuvent estimer qu'une répétition de certains actes légaux peut devenir « signe d'appartenance à une organisation terroriste » et justifier à leurs yeux l'incarcération et une lourde condamnation. Nous en avons observé des exemples l'été dernier. Les Français, en particulier, le savent bien depuis que l'une de leurs compatriotes, Sevil Sevimli, a été arrêtée. [...]

Je souhaite à mes amis turcs le bonheur de pouvoir vivre dans un pays démocratique, libéré d'une guerre qui dure depuis bientôt trente ans – et nous avons appris en France à quel point ce genre de conflit peut mettre en danger la démocratie. »

 

Ces deux événements judiciaires traduisent la politique de répression des autorités turques à l’égard des étudiants et chercheurs en Turquie. Le Groupe international de travail « Liberté de recherche et d’enseignement en Turquie » observe avec une grande inquiétude le développement d’un système d’enfermement de la pensée libre en Turquie et de soumission des jeunes générations.  

 

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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 00:07

Speaking to One Another Exhibition travels to Paris, France


 

From 15th of November to 29th of November Speaking To One Another Traveling Exhibition will be organized in Paris, France. With this travelling exhibition, we want to share the memories of ordinary people from Armenia and Turkey about their intertwined pasts using their own words. These words, based on oral history interviews conducted in 2009 in both countries, are presented as text, photos and videos.

What is unique about this exhibition? The shared past of the people of Turkey and Armenia is presented conjointly using individual memories. A project of the Institute for International Cooperation of the German Adult Education Association (dvv international), Anadolu Kültür, Hazarashen – Center for Ethnological Studies and the Armenian  Actors Union, financed by the German Ministry of Foreign Affairs.

 

Péniche Anako

Bassin de la Villette

face au 61, quai de la Seine

75019 Paris

Métro: Riquet, Stalingrad or Jaurès

15.11.2012 – 29.11.2012

Mo – Sun, 2pm – 8pm

 

Entrance free

 

www.speakingtooneanother.org

 

Vernissage / Thursday, November 15h 2012 / 7:30pm

Péniche Anako

Bassin de la Villette

face au 61, quai de la Seine

75019 Paris

Métro: Riquet, Stalingrad or Jaurès

 

We cordially invite you and your friends for the opening of the exhibition on

 

November 15th, 2012 at 7:30pm

 

Welcoming speech

Sevana Tchakerian et Naïri Khatchadourian

Péniche Anako

Uwe Gartenschlaeger

Institute for International Cooperation of the German Adult

Education Association

Dr. Hranush Kharatyan-Arakelyan

Head of Hazarashen – Center for Ethnological Studies, Armenia

Prof. Leyla Neyzi

Professor Sabanci University Faculty of Arts and Social Sciences

 

Music

Quartet Naïri

Friday, November 16h 2012 / 7:30pm

Mairie du Xème

72, rue du Faubourg Saint Martin

75010, Paris

Métro: Château d’Eau

Entrance free!

 

Book presentation and debate “Speaking to One Another: Personal Memories of the Past in Armenia and Turkey”

 

Discussion with the authors of the book:

 

Dr. Hranush Kharatyan, Senior Researcher, Institute of Archaeology and Ethnography, National Academy of Sciences of the Republic of Armenia and Dr.

 

Prof. Leyla Neyzi, Professor, Sabancı University, Istanbul, Turkey

 

Panel Speakers: Raymong Haroutioun Kevorkian, Claire Mouradian, Ali Kazancigil, Nilüfer Göle.

 

Music

Collectif Medz Bazar

 

Friday, November 23rd 2012 / 8:00pm

Cinéma Le Desperado

23, rue des Ecoles

75005, Paris

Métro: Maubert - Mutualité

 

Entrance free!

 

“Two fat ballet dancers” Screening in original languages with subtitles in French

 

Discussion with Zeynep Başer (Turkey) and

Seda Grigoriyan (Armenia), participants and authors of the documentary.

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 00:27

Appel pour les étudiants emprisonnes en turquie

 

1er novembre 2012

 

http://www.turquieeuropeenne.eu/local/cache-vignettes/L240xH131/sevil_sevimli_arrestation-f8326-0efcb.jpg

 

Sevil Sevimli

en instance de jugement en Turquie pour « collusion avec une organisation terroriste »

 

 

Le GIT France est pleinement mobilisé sur le cas emblématique de Sevil Sevimli, innocente du crime qu'on lui impute. L’issue de son procès, le 19 novembre à Bursa, sera un test pour la démocratie en Turquie et la situation de la liberté de recherche et d’enseignement dans ce pays.

 

*

 

Le sort de l’étudiante de l’Université Lyon II Sevil Sevimli, actuellement inculpée de « collusion avec une organisation terroriste » (sic), libérée conditionnellement après trois mois de détention particulièrement éprouvante pour une jeune fille de santé fragile, interdite de quitter la Turquie, soumise aux délais démesurés des procès politiques turcs, est emblématique de la situation tragique de la liberté de recherche et d’enseignement en Turquie. « Plus de 600 étudiants et un millier de lycéens ont été arrêtés ces derniers mois pour leur proximité avec les milieux de gauche. Des centaines d’autres ont fait l’objet d’enquêtes ou d’exclusions, de tracasseries administratives pour leurs idées politiques supposées », souligne le correspond du Monde, Guillaume Perrier (avec Richard Schittly à Lyon, « Le désarroi de la famille de Sevil, étudiante lyonnaise détenue pour terrorisme en Turquie », Le Monde, 27 juin 2012).

 
Innocente des charges criminelles qui lui sont imputées, Sevil Sevimli symbolise le destin de ces jeunes de Turquie arrêtés pour « terrorisme », emprisonnés dans l’attente de jugements sans cesse repoussés, chassés de leur lycée ou de leur université, isolés de leur famille et de leurs amis, soumis aux conditions carcérales les plus dures, et dont le seul crime est d’avoir réclamé de meilleures conditions d’enseignement, la gratuité des études, la fin de la censure sur les contenus d’enseignement et les sujets de la recherche, ou bien d’avoir assisté à des concerts, apposés des affiches pour des réunions publiques, … bref d’être des étudiants comme les autres, de vivre leur jeunesse, d’agir pour un monde meilleur.

 

Le gouvernement et l’Etat ont décidé d’en faire au contraire les otages d’une politique répressive des libertés publiques, civiles et intellectuelles, les exemples d’une entreprise délibérée de terreur exercée sur les esprits libres et les détenteurs du savoir indépendant en Turquie. On ne peut exclure non plus que le pouvoir islamo-conservateur ait décidé, avec Sevil Sevimli, de faire pression sur le nouveau président élu en France après l’épisode du vote de la loi pénalisant le négationnisme. Voire de s’attaquer à une citoyenne turque autant que française et européenne et originaire de surcroît de la minorité alévie, autant de critères suspects voire condamnables pour l’idéologie islamo-nationaliste.   

 

Le Groupe international de travail GIT « Liberté de recherche et d’enseignement en Turquie » et son antenne en France lancent un appel en faveur d’une nouvelle mobilisation pour Sevil Sevimli, les étudiants turcs emprisonnés et leurs enseignants persécutés. Cette initiative exprime les principes et les intentions du GIT dans sa déclaration inaugurale du 21 novembre 2011.

 

« Ce groupe international de travail réalisera une veille documentaire sur tous les faits relatifs à la situation des chercheurs, universitaires, étudiants, éditeurs, traducteurs persécutés. Il travaillera à la connaissance de l’exercice de la liberté d’expression, de la libre circulation des informations critiques ou non conventionnelles, et de la liberté d’engagement et d’association en Turquie, exercice qui conditionne l’existence de ces libertés plus spécifiques mais néanmoins essentielles de recherche et d’enseignement. Il examinera les processus de construction de la démocratie et les blocages auxquels se heurte la démocratisation en Turquie, historiquement et dans un contexte international renouvelé avec les révolutions du « printemps arabe ». Il se propose aussi de constituer une plate-forme d’information, exposant notamment l’ampleur de l’actuelle répression intellectuelle en Turquie, ou bien le sort personnel des collègues menacés ou emprisonnés, ou encore les questions juridiques, politiques, économiques, sociales relatives au processus de démocratisation. Les faits concernant le monde de la recherche et de l’enseignement en Turquie seront confrontés à la situation générale des libertés intellectuelles et publiques dans ce pays mais aussi à des cas similaires ayant affecté ou affectant d’autres pays et, in fine, aux enjeux scientifiques et universitaires dans le monde. »

 

Avec l’affaire Sevil Sevimli, le GIT constate l’intensification des menaces exercées contre la liberté de recherche et d’enseignement en Turquie, l’instrumentalisation de la justice à des fins de terreur politique et de répression sociale, la répression des droits civiques et des principes démocratiques. Le GIT s’emploie à documenter cette réalité, à en révéler la gravité et à mobiliser les chercheurs du monde entier en faveur des universitaires, étudiants, éditeurs, traducteurs persécutés en Turquie. Il constate combien le cas de l’étudiante franco-turque mobilise les communautés scientifiques et académiques, à commencer par celle de son Université de Lyon II représentée par le président Jean-Luc Mayaud dont l’action est à saluer.  

 

*

 

Agée de 19 ans, en séjour Erasmus à l’université Anadolu d’Eskisehir, Sevil Sevimli a été arrêtée dans cette ville le 10 mai 2012 à l’aube, au cours d’une rafle visant l'organisation de gauche radicale DHKP-C. Sous le coup d’une accusation de « collusion avec une organisation terroriste », elle a été aussitôt incarcérée à l’issue de sa garde à vue. Comme l’a montré l’historien Etienne Copeaux sur son site Susam Sokak, les premières dépêches d’agence ont relayé la position officielle des autorités faisant état de « soupçons de liens avec un mouvement clandestin d'extrême-gauche qui figure sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne [...]  à l'origine de nombreux attentats contre l'Etat turc qui ont fait des dizaines de morts depuis 1976 » (cf. lefigaro.fr et leprogres.fr, 8 juin 2012). Cette présentation d’une étudiante complice d’organisation terrorise a néanmoins été rapidement infirmée dans la presse française et internationale.

 

Un élément décisif a été la rapide mise au point du président de l’Université de Lyon II, l’historien Jean-Luc Mayaud. Le 14 juin, il recevait la famille de Sevil Sevimli et des représentants de son comité de soutien, et il s’exprima publiquement au sujet de l’étudiante de son université : « Sevil Sevimli, étudiante en troisième année de licence information - communication, admise à bénéficier d’une mobilité dans le cadre du dispositif européen Erasmus avec l’Université partenaire Anadolu à Eskisehir (Turquie), est incarcérée depuis le 10 mai 2012 en ce pays, sous un chef d’inculpation gravissime (il est question de “terrorisme”) que rien, absolument rien, ne vient étayer.  Jusqu’à preuve du contraire, une participation à un concert public et autorisé, le rassemblement de coupures de journaux et la possession d’ouvrages (en lien avec sa formation universitaire) ne peuvent justifier d’une incarcération. Nous apportons un soutien sans réserve à la famille et aux proches de Sevil, étudiante exemplaire, que notre Université s’honore de former[...]. »

 

Sevil Sevimli, ses défenseurs et l’opinion publique demeuraient dans l’ignorance des faits ayant motivé cette arrestation dans un cadre antiterroriste. La loi anti-terreur interdit en effet la divulgation des charges des inculpés et permet la poursuite de tous ceux – y compris avocats – qui enfreindraient cette censure. L’avocat de Sevil Sevimli, Engin Gökoglun déclara cependant à leur sujet : « Les faits qui lui sont reprochés ne tombent pas sous le coup de la loi. [...]  D’après les critères de la Cour européenne des droits de l’Homme, le maintien du secret sur ce dossier durant l’enquête, ainsi que la manière dont on a procédé aux interrogatoires en cours de détention sont contraires aux droits de l’Homme. Nous avons examiné toutes les charges alléguées et il est clair que l’ensemble des faits concernés sont du ressort d’activités entièrement légales et démocratiques », insista le défenseur.

 

On apprit alors que les faits reprochés à Sevil Sevimli relevaient des occupations habituelles d’une étudiante franco-turque découvrant le pays de ses parents et vivant l’existence de toute étudiante de sa génération, de par le monde, intéressée par les affaires publiques et la vie culturelle. Son avocat insista sur la vacuité des charges l’accablant de « terrorisme » : « 1. “Assister à la projection du documentaire Damında Sahan Güler Zere” : le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoğlu avait déclaré à l’époque : “Güler Zere est notre fille”. Elle a été atteinte du cancer alors qu’elle était en prison, où elle n’a pas pu être soignée. Alors qu’elle était mourante, le président de la république l’a amnistiée. Elle est décédée en liberté. Le documentaire ne comporte absolument rien qui soit condamnable au regard de la loi. 2. “Placarder une affiche réclamant la gratuité de l’enseignement”. Si cet acte peut être blâmable, il n’est pas en soi délictueux. Tant que l’affiche en question ne contient rien de répréhensible, on ne peut admettre que cet acte le soit. 3. “Assister à un concert du groupe Yorum” à Istanbul : le 15 avril 2012, ce concert s’est produit devant un public estimé à 350 000 personnes. Ces gens venaient de toutes les catégories de la population, pour répondre à “un appel pour la Turquie indépendante”. On ne peut comprendre que la participation à un événement artistique soit érigée en un fait délictueux et condamnable. 4. “Participer à la fête officielle du Premier-Mai” : Ce jour du Premier-Mai, dans la plupart des pays du monde, est la Fête du travail et des travailleurs. Désormais [en Turquie], ce jour est devenu également une fête officielle et chacun peut y participer librement. 5. “Participer à un pique-nique précédant la fête du Premier-Mai” : il n’y a pas de preuve que des délits aient été commis au cours de ce pique-nique organisé par les étudiants. 

 

Une forte mobilisation s’en est suivie en France, au sein des universités lyonnaises particulièrement, et au niveau national tant sur des sites spécialisés (Turquie européenne, Susam Sokak) que par Le Monde qui a consacré sa une et son éditorial à cette affaire (« Quel crime a commis Sevil Sevimli, M. Erdogan ? ») ainsi que plusieurs reportages de son correspondant en Turquie. Un comité de soutien a été créé (« Libérez Sevil Sevimli ! », et une pétition efficacement relayée par Turquie européenne a réuni près de 135 000 signataires (fin octobre 2012). Les autorités françaises ont été interpellées.

 

Cette mobilisation a contribué à briser l’isolement autour de Sevil Sevimli et à placer les autorités turques sous une forte pression. Le 7 août 2012, l’étudiante a été libérée conditionnellement et soumise à un strict contrôle judiciaire avec interdiction de quitter la ville d’Eskisehir. Trois jours plus tard s’ouvrait devant la 6e Cour pénale de Bursa la première audience de son procès. Les juges adoptèrent l'acte d'accusation préparé par le procureur à l'encontre de Sevil Sevimli et ses co-accusées, requérant contre elle et eux 32 ans et demi d'emprisonnement pour « participation à la direction d'un mouvement [illégal] ». Le tribunal de Bursa valida l'acte des accusations dressé contre l’étudiante (participation à une cérémonie commémorative sur la sépulture d'Ali Yıldız au cimetière de Gazi ; diffusion de la revue Yürüyüs ; vente de billets pour le concert du Groupe Yorum ;  rencontre avec des dirigeants du syndicat Egitim-Sen d'Eskisehir pour organiser la projection du documentaire Damında Sahan Güler Zere ; apposition d'affiches revendiquant la gratuité de l'enseignement ; apposition d'une affiche appelant au rassemblement sur la place de Taksim le 1er mai, dans l'enceinte du restaurant universitaire d'Eskisehir).

 

Une nouvelle audience de son procès s’est tenue le 26 septembre. L’avant-veille, le président de Lyon II a diffusé un nouveau communiqué en défense de l’étudiante (voir plus bas). A l’issue de l’audience, le contrôle judiciaire a été assoupli, mais Sevil Sevimli, qui a interdiction de revenir en France, reste toujours passible de 32 ans d’emprisonnement. Le jugement définitif doit être rendu le 19 novembre prochain, à moins d’un nouvel ajournement de son procès.  

 

Le GIT France est pleinement mobilisé sur le cas emblématique de Sevil Sevimli, innocente du crime qu'on lui impute. L’issue de ce procès sera un test pour la démocratie en Turquie et la situation de la liberté de recherche et d’enseignement dans ce pays.

 

Appel du GIT, 1er novembre 2012.

 

 

Annexe. Soutien à Sevil Sevimli - Communiqué de presse de la Présidence de l’Université de Lyon II, le 24 septembre 2012

 

« En décembre 2010, Sevil Sevimli, étudiante en Licence information - communication à l’Université Lumière Lyon 2, a déposé une demande d’inscription auprès du département de journalisme de l’Université Anadolu (Turquie). En candidatant, elle souhaitait effectuer sa troisième année de Licence dans le cadre du dispositif d’échange européen Erasmus, de septembre 2011 à juin 2012.

 

Suspectée de crimes gravissimes, Sevil Sevimli a été incarcérée en Turquie le 10 mai, avant d’être libérée le 6 août  dernier et placée sous contrôle judiciaire dans l’attente de l’ouverture de son procès annoncé pour le 26 septembre.

 

En tant que Président de l’Université, à la veille de l’ouverture de son procès, je tiens à témoigner de l’exemplarité du parcours d’études poursuivi par Sevil Sevimli.

 

Sevil Sevimli s’est investie dans une formation en lien avec son projet professionnel : devenir journaliste. Pour parfaire sa formation, elle a fait le choix de suivre une année d’étude à l’Université Anadolu espérant pouvoir un jour s’installer et travailler en Turquie, pays pour lequel elle a exprimé une sensibilité toute particulière du fait de ses attaches familiales.

 

Elle a ainsi intégré l’Université Anadolu, partenaire de l’Université Lyon 2 depuis septembre 2008, vivement intéressée par le programme d’études en langue turque proposé par cette université, qui s’inscrivait dans la continuité des enseignements qu’elle a suivis et validés dans mon établissement.

L’Université Anadolu a pleinement accepté sa candidature, au regard de ses motivations en termes de formation et de ses aspirations professionnelles.

Sevil Sevimli montre un investissement régulier dans ses études en validant sans retard les différents semestres composant son cursus, y compris dans le cadre de son année d’échange en Turquie, puisqu’elle a mené cette formation jusqu’à son terme en réussissant ses examens alors qu’elle était incarcérée.

Malgré l’incertitude qui prévaut quant à l’issue du procès et sa libération, Sevil Sevimli a réaffirmé sa volonté de mener jusqu’à son terme son projet de formation en s’inscrivant en 1ère année de Master information et communication, en cette rentrée 2012, dans mon établissement.

Dans le cadre du programme d’études proposé par le département de journalisme de l’Université Anadolu, Sevil Sevimli a été amenée à faire des recherches sur les droits de l’homme, les droits de l’enfant, et la vie politique contemporaine en Turquie, thèmes correspondants aux enseignements offerts par l’Université Anadolu.

La formation universitaire passe par la consultation de différentes sources d’information, afin de développer un esprit d’analyse et un esprit critique, et ce, à plus forte raison, dans le cadre d’un cursus journalistique. Il est donc légitime qu’une étudiante se destinant au journalisme cherche à nourrir son travail en confrontant des idées, des opinions qui traversent la société.

Pour une apprentie journaliste, il n’y a donc rien de répréhensible à consulter ouvrages, tracts et journaux les plus divers et à observer toute réunion ou manifestation en y participant. C’est pourquoi, je ne comprends pas que l’on puisse assimiler ce type de démarche à des actes répréhensibles, qualifiés de criminels.

Je suis aujourd’hui choqué qu’une telle accusation soit portée à l’encontre de Sevil Sevimli, comme elle pourrait l’être à l’égard de tout étudiant.

Au travers de cette lettre, je souhaite témoigner de la constance de Sevil Sevimli dans le suivi de ses études et apporter un éclairage sur la manière dont elle a conçu et mené son parcours universitaire en France et en Turquie, dans la perspective de concrétiser son projet professionnel.

Enfin, ici, j’entends réaffirmer le soutien que j’ai exprimé à Sevil Sevimli et à sa famille. Je suis prêt à le renouveler, par écrit ou en personne, si elles l’estiment possible et nécessaire, devant les autorités judiciaires turques. »

 

                                    Pascal Cornet/Directeur de cabinet auprès de la Présidence

 

(Cité in http://www.susam-sokak.fr/article-soutien-du-president-de-l-universite-louis-lumiere-lyon-a-sevil-sevimli-110566081.html)

 

 Photographie. Libération de Sevil Sevimli le 7 août 2012. 

 

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17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 07:52

Le Prix Nobel de la Paix 2012 n'a pas été décerné à Ragıp Zarakolu. Néanmoins, l'intense mobilisation internationale à laquelle vous avez fortement contribué, en faveur de l'obtention de cette prestigieuse récompense pour ce grand intellectuel de Turquie, éditeur indépendant depuis trente-cinq ans, défenseur des droits humains, artisan de l'amitié arméno-turc, de la connaissance du génocide de 1915 et de l'histoire des minorités dont celle de Kurdes, combattant de la démocratie dans son pays et au-delà de ses frontières, n'a pas été vaine. Son nom a été décisivement lié au Prix Nobel de la Paix. Peu importe finalement qu'il n'en ait pas été lauréat cette année. Il en a été jugé digne par des dizaines de chercheurs, universitaires et intellectuels de par le monde. C'est le plus important à nos yeux. Notre combat pour la liberté de recherche et d'enseignement continue, à la mesure de celui de Ragıp Zarakolu.

GITInitiative

Voir le message du Dr. Roger Smith, en faveur de Ragıp Zarakolu, sur le site www.gitinitiative.com  

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 16:51

 

A git RZ

 

Les soussigné (e)s adhèrent au texte de l'appel en faveur de la réception par Ragip Zarakolu du Prix Nobel de la Paix :

   

Dr. Vincent Duclert (Associate Professor of History, Ecole des hautes études en sciences sociales/EHESS, France) ; Dr. Diana Gonzalez (Ph.D EHESS, Sociology and Aesthetics) ; Dr. Hamit Bozarslan (Professor of History and Sociology, EHESS) ; Dr. Yves Déloye (Professor of Political Science, Sciences Po Bordeaux and Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Secretary General of the Association française de science politique) ; Emine Sarikartal (Ph.D Candidate Université de Paris-Nanterre, France, translator and editor, Philosophy) ; Ferhat Taylan (Ph.D Candidate Université de Bordeaux, France, and translator, Philosophy), co-founders of the GIT initiative (November 21, 2011) Academic Liberty and Freedom of Research in Turkey,

 

Alexis Govciyan (President of the Coordination Council of French Armenian Organizations (CCAF) and President of Europe de la mémoire) ; Dr. Dalita Roger-Hacyan (Associate Professor of English Language, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France) ; Dr. Roger W. Smith (Professor Emeritus of Government at the College of William and Mary in Virginia, USA, Co-founder and Past President of the International Association of Genocide Scholars).

 

Dr. Samim Akgönül (Associate Professor of History and Political Science, Université de Strasbourg, France) ; Dr. Salih Akın (Associate Professor of Linguistics, Université de Rouen) ; Dr. Janine Altounian (Researcher, Translator) ; Dr. Derya Bayir (Independent Scholar and Lawyer, UK) ; Dr. Avner Ben-Amos (Professor of History, Tel Aviv University, Israel) ; Dr. Alice von Bieberstein (Research assistant, University of Cambridge, member of GIT Germany) ; Johann Bihr (Reporters sans frontiers [Reporters Without Borders], Head of Europe & Central Asia Desk) ; Dr. Faruk Bilici (Professor of History, INALCO, France) ; Dr. Martin van Bruinessen (Emeritus Professor of Comparative Studies of Contemporary Muslim Societies, Utrecht University, Holland) ; Dr. Cengiz Cağla (Associate Professor of Political Science, Yildiz University, Turkey) ; Dr. Etienne Copeaux (Historian, GREMMO, France) ; Dr. Caroline Finkel (Honorary Fellow, University of Edinburgh, UK) ; Dr. Andrea Fischer-Tahir (Research Fellow at the Zentrum Moderner Orient Berlin, Germany) ; Dr. Zeynep Gambetti (Associate Professor of Political Theory, Boğazici University, Turkey, Co-founder of GIT Turkey) ; Dr. Zeynep Kadirbeyoğlu (Associate Professor of Political Science, Boğazici University, Turkey) ; Dr. Ali Kazancigil (Co-director of the journal Anatoli, Political Science) ; Dr. Raymond Kévorkian (Professor, Institut Français de Géopolitique, Université Paris 8-Saint-Denis) ; Dr. Jean-Pierre Mahé (Member of the Institut, France) ; Dr. Michel Marian (Lecturer, Sciences Po Paris, France) ; Dr. Claire Mauss-Copeaux (Historian, GREMMO, France) ; Dr. Claire Mouradian (Senior Research Fellow in History, CNRS France) ; Dr. Esra Mungan (Assistant Professor of Psychology, Boğazici University, Turkey); Dr. Leyla Neyzi (Professor of Arts and Social Sciences, Sabancı University, Turkey) ; Ozden Ocak (PhD Candidate in Cultural Studies, George Mason University, USA) ; Zeynep Oguz (Ph.D. Candidate, Harvard University, USA) ; Séta Papazian (President of Collectif VAN, France) ; Dr. Hélène Piralian-Simonyan (Psychoanalyst and Writer, Founding Member of AIRCRIGE France)  ; Dr. Yasar Ozan Say (Visiting Lecturer, Department of Anthropology, Bridgewater State University, USA) ; Dr. Gürel Tüzün (History Foundation, Turkey) ; Dr. Gündüz Vassaf (Psychologist, writer) ; Dr. Ipek K. Yosmaoğlu (Assistant Professor, Northwestern University, USA). And CCAF-Support Committee to Ragıp Zarakolu.

 

 

 

Voir le texte complet ci-dessous (GITInitiative) :

 

Norwegian Nobel Committee

Norwegian Nobel Institute

Henrik Ibsens gate 51

NO-0255 Oslo

Paris, September 26, 2012

 

The Hon. Thorbjørn Jagland and Members of the Committee:

 

We, the undersigned scholars and intellectuals of France and others countries, have the honor to recommend independent publisher and pro-democracy intellectual Ragıp Zarakolu of Turkey for the 2013 Nobel Peace Prize.

 

Over the past three decades, not only have Mr. Zarakolu’s life and work become synonymous with the struggle for freedom of thought in a country notorious for convicting writers and academics under “anti-terror” laws. At this time of increased government repression, we would also draw the Nobel Committee’s attention to Mr. Zarakolu’s immediate circumstances and the plight of other Turkish prisoners of conscience, including his own son, publisher Deniz Zarakolu.

During a government campaign against the Kurdistan Communities Union (KCK), father and son were caught up in a wave of mass detentions. “My arrest and the accusation of membership in an illegal organization,” Mr. Zarakolu stated through his lawyer, “are parts of a campaign that aims to intimidate all intellectuals and democrats of Turkey and, particularly, to deprive the Kurds of support.”[1]

No stranger to the rigors of Turkish justice, the elder Zarakolu, frail and ill, was formally charged on 19 March 2012 with “aiding and abetting an illegal organization.” Released on bail after six months in a high-security prison, Ragıp Zarakolu, 64, now faces a sentence of up to 15 years if convicted. We are convinced that the Nobel Peace Prize would focus international attention on the courageous, ongoing struggle for human rights in the Republic of Turkey and other parts of the world.

A founding member of the Turkish Human Rights Association (IHD), Mr. Zarakolu represents his country on the Freedom to Publish Committee of the International Publishers Association (IPA). He also chairs the Writers in Prison Committee of International PEN in Turkey. As owner and director of Belge International Publishing House, founded by Ragıp and his late wife Ayşe Nur (Sarısözen) Zarakolu in 1977, he promotes respect for diversity of thought and culture by challenging taboos to freedom of expression. Ayşe Nur studied sociology and later became the head librarian at the Institute of Financial Studies at Istanbul University. “The place to debate our history is in the books, not in the courts”[2], she said. Ayşe Nur and Ragıp Zarakolu published more than 100 books on the Armenian Genocide.

The first Turkish publisher to engage with the Armenian Genocide issue, Mr. Zarakolu has introduced his fellow-citizens to signal works of scholarship by Yves Ternon and Vahakn Dadrian—which were banned in Turkey—as well as George Jerjian, The Truth Will Set Us Free: Armenians and Turks Reconciled, and Dora Sakayan, Garabed Hacheryan’s Izmir Journal: An Armenian Doctor’s Experiences, which brought new criminal charges in 2005. In November 2007 he published David Gaunt’s Massacres, Resistance, Protectors, a study of the Assyrian Genocide. Belge’s extensive list also includes fiction and poetry by political prisoners; Greek literature in translation; and books on the Jewish and Kurdish communities.

This editorial activity with its considerable political, intellectual, and ethical importance has made Belge the ongoing target of ultranationalist and state repression.

Over the years, the charges brought by the Turkish authorities against Ragıp Zarakolu and his wife resulted in attacks, imprisonment, confiscation and destruction of books, and the imposition of heavy fines, endangering the survival of the Belge publishing house. Throughout his publishing career, Ragıp Zarakolu has been singled out by the authorities because of his decades of struggle for freedom of expression, and particularly his promotion of minority rights and his quest for truth, justice and reconciliation. Ragıp Zarakolu’s work as a publisher and his wholehearted support of freedom to publish have often brought him into conflict with the authorities and endangered his personal safety. Despite the string of attacks, he has persistently continued to tackle contentious issues, thus encouraging healthy debate and democratization in Turkey.[3]

“As a family, we paid our dues in every period,” Mr. Zarakolu has said. Born in 1948 on Büyükada, near mainland Istanbul, he grew up with Greeks and Armenians in a multiethnic island community. Ragıp’s father, District Governor Remzi Zarakolu, was removed from office for his opposition to the standing government and died soon afterwards. An uncle who was serving in the military succumbed to heart failure at 49, “as he could not take the 1960 coup,” Mr. Zarakolu recalled.[4]

 

In 1968, he began writing for the magazines Ant (Pledge) and Yeni Ufuklar (New Horizons). “They raided my home during the March 12 [1971] coup, to [arrest] me. My life passed in between jails and courtrooms,” said Mr. Zarakolu.[5] Convicted of “secret relations with Amnesty International,” he spent five months in prison. In 1972 he was incarcerated in the Selimiye detention center of Istanbul for an article he had written on Ho Chi Minh and the Vietnam War.

Released two years later in the wake of a general amnesty, Mr. Zarakolu committed himself fully to the defense of intellectual freedom. Following the military coup of 1980, Belge added a literary series by political prisoners to its catalogue of academic and theoretical works. For his writing on foreign affairs in the daily newspaper Demokrat, which he co-founded, Mr. Zarakolu served additional prison time in 1982. Until 1991 he was banished from Turkey. Four years later, in 1995, the Belge office was bombed by a right-wing extremist group.

Mr. Zarakolu’s immediate family has also sacrificed dearly for freedom. “They consumed the life of Ayşe [Nur Zarakolu], in between prison [walls]. She never took a step back from what she knew to be right, and I lost her at a young age because of cancer,” Mr. Zarakolu told Hürriyet recently. “My son Deniz was taken into custody due to a speech he gave at his mother’s grave [in 2002]. Am I now glad because they released me? No. I had to leave my son behind the iron bars of the cell I shared with him.”[6]

“I shared the same destiny with my son. We continue paying the price for the values we believe in from one generation to the next,” Mr. Zarakolu concluded.[7]

The publisher’s latest legal ordeal began on 4 October 2011, with 150 arrests in the southeastern cities of Diyarbakir and Gaziantep. Another 90 individuals, including 83 members or officers of the legal Kurdish-oriented Peace and Democracy Party (BDP), as well as journalists, were arrested in Istanbul, along with Belge officer and political science graduate student Deniz Zarakolu.

On 12 October, Ragıp Zarakolu issued a resounding appeal from the International Book Fair at Frankfurt:   

“Our editor, Deniz Zarakolu, Civil Engineer, now Ph.D. student in Bilgi University, is arrested. [The] Reason [was due to his] to lecture on political philosophy beginning [with] Aristotle today in Kurdish Party BDP, [a party] which is legal and in Parliament. He wrote a book on Thomas Hobbes, and translated his De Cive. Ironically also he translated a book 11 years ago on problems [with the] Turkish justice system [The Independence of Judges and Lawyers in the Republic of Turkey: Report of a Mission, 1999, published by the Centre for the Independence of Judges and Lawyers, Geneva, Switzerland]. He translated academic books also for Bilgi University. He was [a] translator of human rights delegations from UK and Europe.

And our writer, Aziz Tunç, who wrote "Analysis and Historical Background of Maras Massacre 1978", is arrested also [b]ecause he lectured on [the] Maras Massacre. He was writing a book on "Maras history in multiculturality."

Because of [the] Anti Terror Law, they will wait at least one year until the beginning of [a] trial. Only accusation is to be member of a legal party and to lecture at the BDP Political Science Academy. CHP and AKP have also this kinds of academies, like social democrats in Germany, Sweden or Norway. [Amongst others] arrested are also other scholars like Ayse Berktay and A. Dursun Yildiz.

Our translator Suzan Zengin, who grew up in Germany, was in prison [for the] last 2 years, she is released 2 months ago. She had health problems in prison. She had a heart operation 10 days ago, and she did not wake up after it. She is in coma for 12 days. What a waste of lives.

We are afraid for the fate of my son Deniz Zarakolu, who has [an] asthma problem and Aziz Tunc, because of their possible health problems in the isolation prisons.

Suzan Zengin’s last translation was "Exile, Massacre and Suppression of Anatolian Christians", a conference book in Berlin [edited by] Tessa Hofmann.  Earlier she had translated for us "Anthology of Cyprus Greek Literature", "Anthology of Greek Short Stories about Thessaloniki", "Anthology of Assyrian Folk Stories and Songs".

I came first time to Frankfurt Book Fair, in 1991. Then our writer Ismail Besikci was in prison, because he was a scholar [who worked] on Kurdish people. After 20 years what has been changed ?

They all went [to] prison because they are working for peace, for liberty, equality and they believe [in a] peaceful co-existence of different peoples and cultures.

Our struggle will go on for the truth and humanity.”[8] 

The events at the beginning of October 2011, with the arrest of his son, and finally the death of Suzan Zengin  (as a result of the disastrous medical conditions of a long detention), are among the severest challenges Mr. Zarakolu has had to face in his lengthy experience as a democratic intellectual and independent publisher.

In Istanbul on 28 October, while engaged in efforts to defend the accused, Ragıp Zarakolu was himself taken into custody. Also arrested at this time was a renowned political scientist, scholar of constitutional law, and expert on the construction of Turkish “official history,” Marmara University professor Büşra Ersanlı. She was detained on the eve of an international round table at Bilgi University, where she was to preside over a discussion of “Controversial Issues in the Turkish Republic.” Another 48 people were swept up in a police raid on the Istanbul offices of the BDP.

On 1 November, following a lengthy custody and a 28-hour hearing, the court at Beşiktaş indicted Mr. Zarakolu and Prof. Ersanlı, as well as others, for “belonging to an illegal organization,” a violation of anti-terror law, and remanded them to pretrial detention. Like his son, who was imprisoned under high-security at Edirne, Ragıp Zarakolu as a terror suspect was held first at Metris Prison, then transferred to Kocaeli, a so-called “F-type” penitentiary notorious for its harsh conditions. Deniz Zarakolu joined his father there.

The documents seized at the Zarakolu and Ersanlı homes, as well as the tenor of the interminable interrogations, revealed the inanity of the “terrorism” charges. From Metris, Ragıp Zarakolu denounced these unjust methods in an open letter to the press:

“My arrest and the accusations of being a member of an illegal organisation are part of a campaign to intimidate all intellectuals and democrats living in Turkey and, more specifically, to isolate Kurds.

The police forces that searched my home found nothing more than what you would normally find in a writer’s home and confiscated these items as “evidence.”

Among these items were Habiba by Ender Öndeş, a book that is published and freely sold in Turkey, the second volume of Doğan Özgüden’s Vatansız Gazeteciler (Stateless Journalists), Barış Süreci (Peace Process) by Yüksel Genç, notes prepared for the publication of Alman Belgelerinde Ermeni Soykırımı (The Armenian Genocide according to German Sources), a short piece I had prepared for the back cover of former CHP (Republican People’s Party) MP Sırrı Özbek’s latest book and a draft of a work called Ermeni Sözlü Tarih Çalışması (Armenian Oral History Project).

The government must give an explanation for why I was arrested only a week before I was due to travel to a conference in Berlin and, from there, to conferences at Colgate University (USA) and in Los Angeles and Michigan.

Under custody, I was deprived of all of my bank and credit cards, which are being kept by the authorities.

It is yet unclear when I will be able to exercise my right to trial, and it is evident that this state of affairs may last for months.

I have not been asked a single question regarding the organisation I am accused of being a member of; rather, I have only been pressed on works that I have written or edited, speeches I have given, and free and public meetings I have attended.

I believe that it is time to show a collective opposition to this wave of arrests, which has become a campaign of mass lynching, and that all moves by the authorities that go against the law and principles of due legal process must now cease.”[9]

Despite the risks, protests were held in Turkey against these mass arrests.[10] Former Istanbul mayor Ahmet İsvan, ambassador Temel İskit, writer Yaşar Kemal and several university professors issued an appeal on behalf of Mr. Zarakolu. In Ankara, the Freedom of Thought Initiative launched a petition under the headline “That’s Enough!”[11] A “night of support” was organized in Ankara so that the publisher could be “reunited with his books.”

Mobilization also took place worldwide. Several petitions were created, one in English (“Stop the arbitrary detentions in Turkey !”) and another in German, by the Working Group Against Genocide for International Understanding.[12] Branches of the PEN-Club, particularly the PEN American Center, are committed to Ragıp Zarakolu. [13] In France, the Coordination Council of Armenian Organizations launched a book-ordering campaign in support of Belge while the publishing house was deprived of its director.

Paul Auster, a leading member of the PEN American Center, publicly refused to go to Turkey “because journalists and authors are imprisoned.” Interviewed by Hürriyet, he asked: “How many are jailed now? Over a hundred?” Accused by Prime Minister Erdoğan of selective indignation, the American writer confirmed: “There are nearly one hundred writers imprisoned in Turkey, not to speak of independent publishers such as Ragıp Zarakolu, whose case is being closely watched by PEN Centers around the world.” He added: “All countries are flawed and beset by myriad problems, Mr. Prime Minister, including my United States, including your Turkey, and it is my firm conviction that in order to improve conditions in our countries, in every country, the freedom to speak and publish without censorship or the threat of imprisonment is a sacred right for all men and women.”[14]

In Europe, an initiative of considerable magnitude arose in defense of the prisoners. It began with the publication in the French newspaper Le Monde, 11 November 2012, two weeks after the 29 October arrests, of a commentary signed by academics on the death of civil liberties in Turkey. The authors, with additional colleagues, then formed an International Working Group (GIT) for Academic Liberty and Freedom of Research in Turkey. GIT was founded as a decentralized organization with a large degree of autonomy, based on the requirement of political freedom necessary to the practice of research and teaching.

On 21 November, GIT launched an appeal in French, English and Turkish that was signed by 33 scholars of diverse positions, nationalities and origins, united in defense of academic liberty and freedom of research considered as a fundamental democratic right – in Turkey as elsewhere. By 15 February 2012, that statement had grown into a worldwide petition with no fewer than four lists culminating in more than five hundred signatures.

From Paris, the GIT Initiative mobilized international academics who formed branches in the United States, England, Germany, Italy, Greece, Switzerland and Turkey.[15] Individual members intervened in major newspapers and on global news websites. Expatriates of Turkish nationality or origin also joined the initiative, demonstrating that the fate of Turkey also depends on its intellectual elites who are mobilized for democracy beyond its borders.

Persistent in its policy of repression, Ankara initiated new raids, like that of 13 January 2012, and confirmed the seriousness of the (imaginary) crimes attributed to the accused. On 19 March, Public Prosecutor Adnan Çimen requested imprisonment of 7.5 to 15 years for Ragıp Zarakolu for having “aided and abetted an illegal organization.” The 2,400-page indictment was forwarded to the court at Silivri, a huge judicial and penitentiary complex 80 km from Istanbul, where 193 people, of whom 147 were detained in preventive custody, were to stand trial on 2 July.

Refusing to be intimidated by state terrorism, international support for the prisoners of conscience intensified. Updates on intellectual repression in Turkey—including news of high-profile detainees in the maximum-security prisons as well as dozens of lesser-known students incarcerated elsewhere—were relayed through traditional and new media in France, England, and the United States. The stances and statements of the prisoners were also disseminated. Mr. Zarakolu, for example, clarified the extreme danger of Turkish denial of the Armenian Genocide and the need to fight against it, not only as an intellectual expression but also as a form of violence against social justice and fundamental freedoms.

In an apparent attempt to restore Ankara’s image and placate Western embassies, Mr. Zarakolu and fourteen other prisoners (plus six people in Van) were released on 10 April. It seems clear that the scale of the national and international mobilization influenced the prosecution’s decision.

Although weakened, ill, and greatly affected by the detention of his son and many friends, Mr. Zarakolu refused to allow his early release to be exploited as government propaganda. “Every single statement I make will serve to normalize this abnormal situation. Just like my unfair arrest, my unexpected and pointless release will also [help to] create the impression among the world public that [authorities] had committed a mistake which they are now retracting,” he stated in an interview with Hürriyet. “Any comments I will make from now on will serve to normalize this abnormal situation,” he added. “For as long as the laws in question continue to remain in effect, the freedom of thought will consist of nothing but a fat lie. It is now possible to jail people [based on] conspiracy theories.”[16]

The hearings in July sparked new actions. In a statement published by Le Monde, the chief members of GIT France highlighted the general issues of this political trial. The renowned scientific journal Nature published an article by Dr. Alison Abbott on the worldwide mobilization of academics in solidarity with their colleagues in Turkey.[17] The Working Group Against Genocide for International Understanding also launched an appeal.[18]

The already close link between international actions and those conducted in Turkey was powerfully reinforced by the emergence of GIT Türkiye, complete with its own inaugural declaration, a website and several hundred members. Following a press conference in Istanbul on 26 June, GIT Türkiye stepped up its actions in preparation for the upcoming KCK trial.

On 2 July, GIT Türkiye, the IPA (International Publishers Association), PEN, the Turkish Publishers Association (TYB), and foreign correspondents mobilized en masse at Silivri. During an impromptu press conference outside the court, Mr. Zarakolu likened the Turkish prisons to a Soviet gulag and the KCK trial to a cancer eating away at Turkey. The threat to freedom of expression, he added, is as serious now as it was on 12 September 1980, when the Turkish military seized power in a coup d'etat.

Doubt began to assail the accusers all the more because the political power sent contradictory signals. Consequently, on July 13, came the release of Prof. Ersanlı, together with the student Büşra Beste Önder and 12 other defendants in the KCK trial. This was a limited measure, as many defendants including Deniz Zarakolu were still in prison, and no charges were waived for the others. However, this release disrupted the judicial harrassment policy, hitherto consistently applied, and granted a symbolic victory to those who fought for Mr. Zarakolu, Prof. Ersanlı, and all the others. It was also a personal victory for the prisoners who transformed their ordeal into a new commitment for fundamental freedoms and sovereignty of knowledge.

Mr. Zarakolu has ended his public silence, but the struggle of democratic intellectuals in Turkey and their international supporters is far from over.[19] Their main objective remains the release of all prisoners of conscience and the dismissal of all charges against them.

To this day, democratic intellectuals in Turkey are shouted down by the onslaught of Islamist media, which do not hesitate, for example, to use anti-Semitism to discredit them. During political trials, their image is further tarnished by such tactics as media lynchings, the hacking of Internet sites, and the manipulation of personal data. Defamation trials are interminable and counter-investigations are made more difficult by the increasing fragility of the independent press.

Yet pro-democracy intellectuals like Mr. Zarakolu are the honor of Turkey. The upcoming judicial developments, and the fate of all those who risk their physical liberties for the sake of free thought, are closely watched by their defenders in Turkey and throughout the world. Their powerful writing, resolute courage and faith in liberty have awakened the conscience of Europe and all humanity.

For decades, they have stood for fundamental human rights. Ragıp and the late Ayşe Nur Zarakolu were both, for half a century, at the forefront of the mobilization movement for a living vibrant, democratic Turkey. Faithful to the intellectual traditions of their country, the couple valued writing, publishing and the distribution of knowledge. They endured imprisonment as the price of diffusing what they called “a respectful attitude for the diversity of thought and cultures of Turkey.” They embodied the principle that respect for human diversity is developed through knowledge and research, which requires intellectual and political freedom as much as social emancipation.

At the heart of these engagements, despite years of imprisonment, concern for his family, and physical exhaustion, stands Ragıp Zarakolu, steadfast in his defense of civil liberties, the freedom to publish and to seek the truth behind Turkey’s “official history.” His courage and life-long commitment inspire all others who resist repression with the peaceful arms of ideas, words, and books.

If Ragıp Zarakolu is the target of ongoing persecution in his country, he has on the other hand been honored by international awards and prestigious tributes. On 21 April 2005, he received the Medal of Courage from Mayor Bertrand Delanoë at the Hôtel de Ville in Paris for his publications on the Armenian Genocide. The same year, he was jointly awarded the Freedom of Expression prize by the Norwegian Authors’ Association and the Norwegian Ministry of Culture. In 2008, he received the IPA Freedom to Publish award. Both the Turkish Publishers Association and the Turkish Association of Journalists honored Mr. Zarakolu with awards for freedom of thought, expression, and the press. He also received the Armenian National Library’s Hagop Megapart Medal of Honor for his contribution to the recognition of Armenian history, culture and literature in Turkey. In 2010, during PEN International’s 50th anniversary campaign, “Because Writers Speak Their Minds,” Mr. Zarakolu was one of 50 writers chosen to represent the struggle for freedom of expression since 1960.

On 28 April 2012, Mr. Zarakolu received the annual award of an American organization, the Jeri Laber Human Rights Watch. He responded:

Thank you for the very important prize and for your support for freedom to publish. I am pleased to accept this prize not only for myself but on behalf of all the publishers, writers and journalists who remain in prison in Turkey. Although I have been released, I remain under the threat of re-arrest as the anti-democratic laws and unfair trials continue. The day I and 14 others were released, 14 more people were arrested. I was arrested with no reason given and after five months, I was released with no reason given. I am not a political activist. For nearly 40 years, I have been a publisher and a supporter of human rights.[20]

Mr. Zarakolu’s name has several times been mentioned in connection with the Nobel Peace Prize. “Ragıp Zarakolu is the pride of publishing. He is the limelight of freedom to publish in Turkey. (...) This man does not belong to prison, he deserves a Nobel Prize," stated Bjørn Smith-Simonsen, Chair of IPA's Freedom to Publish Committee (FTPC), upon hearing of Mr. Zarakolu’s detention last fall.[21] Earlier this year, Swedish Parliament Members Amineh Kakabaveh, Jens Holm, Bengt Berg, Siv Holma, Marianne Berg, Jan Lindholm and Valter Mutt applied to the Nobel Prize Committee in Oslo to nominate Ragıp Zarakolu for the Nobel Peace Prize.[22] The Working Group Recognition has appealed to the German lawmakers to follow the lead of their Swedish colleagues.[23]

We, the undersigned, concur with these recommendations. To uphold democracy and cultural diversity in one’s own country is also, we believe, to serve the aspirations of humankind towards freedom, truth, and dignity. We know of no-one whose life and work more powerfully demonstrate this universal principle. In conclusion, we are honored to nominate Ragıp Zarakolu as a candidate for the Nobel Peace Prize.

Respectfully,

 

Inaugural signatories of the Appeal:

Dr. Vincent Duclert (Associate Professor of History, Ecole des hautes études en sciences sociales/EHESS, France) ; Dr. Diana Gonzalez (Ph.D EHESS, Sociology and Aesthetics) ; Dr. Hamit Bozarslan (Professor of History and Sociology, EHESS) ; Dr. Yves Déloye (Professor of Political Science, Sciences Po Bordeaux and Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Secretary General of the Association française de science politique) ; Emine Sarikartal (Ph.D Candidate Université de Paris-Nanterre, France, translator and editor, Philosophy) ; Ferhat Taylan (Ph.D Candidate Université de Bordeaux, France, and translator, Philosophy), co-founders of the GIT initiative (November 21, 2011) Academic Liberty and Freedom of Research in Turkey,

Alexis Govciyan (President of the Coordination Council of French Armenian Organizations (CCAF) and President of Europe de la mémoire) ; Dr. Dalita Roger-Hacyan (Associate Professor of English Langage, University Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France) ; Dr. Roger W. Smith (professor emeritus of government at the College of William and Mary in Virginia, USA, co-founder and past president of the International Association of Genocide Scholars).

Dr. Salih Akın (Associate Professor of Linguistics, Université de Rouen), Dr. Janine Altounian (Researcher, Translator), Dr. Derya Bayir (Independent Scholar and Lawyer, UK), Dr. Avner Ben-Amos (Professor of History, Tel Aviv University, Israel), Johann Bihr (Reporters sans frontières, Head of Europe & Central Asia Desk), Dr. Faruk Bilici (Professor of History, INALCO, France), Dr. Martin van Bruinessen (Emeritus Professor of Comparative Studies of Contemporary Muslim Societies, Utrecht University, Holland) ; Dr. Etienne Copeaux (Historian, GREMMO, France) ; Dr. Caroline Finkel (Honorary Fellow, University of Edinburgh, UK), Dr. Andrea Fischer-Tahir (Research fellow at the Zentrum Moderner Orient Berlin, Germany), Dr. Zeynep Gambetti (Associate Professor of Political Theory, Boğazici University, Turkey, co-founder of GIT Turkey ; Dr. Zeynep Kadirbeyoğlu (Associate Professor of Political Science, Boğazici University, Turkey) ; Dr. Ali Kazancigil (Co-director of the revue Anatoli, Political Science) ; Dr. Raymond Kévorkian (Professor, Institut Français de Géopolitique, Université Paris 8-Saint-Denis) ; Dr. Michel Marian (Lecturer, Sciences Po Paris, France) ; Dr. Claire Mauss-Copeaux (Historian, GREMMO, France) ; Dr. Claire Mouradian (Senior Research Fellow in History, CNRS France) ; Dr. Esra Mungan (Assistant Professor of Psychology, Boğazici University, Turkey); Dr. Leyla Neyzi (Professor of Arts and Social Sciences, Sabancı University, Turkey) ; Ozden Ocak (PhD Candidate in Cultural Studies, George Mason University, USA) ; Zeynep Oguz (Ph.D. Candidate, Harvard University, USA) ; Séta Papazian (President of Collectif VAN, France) ; Dr. Hélène Piralian-Simonyan (Psychanalyst and Writer, Founding Member of AIRCRIGE France)  ; Dr. Yasar Ozan Say (Visiting Lecturer, Department of Anthropology, Bridgewater State University, USA) ; Dr. Gürel Tüzün (History Foundation, Turkey) ; Dr. Gündüz Vassaf (Psychologist, writer) ; Dr. Ipek K. Yosmaoğlu (Assistant Professor, Northwestern University, USA).

Appendix A

Legal Actions Against Ragip Zarakolu


“Mr. Zarakolu's staunch belief in freedom of expression, his vocal campaign against book bannings, and his persistence in publishing works that violate Turkey's repressive censorship laws have resulted in a catalog of indictments dating back to the early 1970s.”[24]

Recent court cases against Ragıp Zarakolu and Belge Publishing House (until her death Ayşe Nur Zarakolu stood trial instead of him) include the following.

On 21 March 2002, Istanbul State Security Court (SSC) No. 1 heard the case of Ayşenur Zarakolu on charges of having disseminated separatist propaganda by publishing Songs of Freedom, a book by Hüseyin Turhallı, former chairman of the Democracy Party (DEP) for Diyarbakır province. During the hearing Mr. Zarakolu stated that this would have been the 34th court case against his wife, had she lived. On 4 June Istanbul SSC dropped the charges against her after establishing that Hüseyin Turhallı was living in France and Ayşenur Zarakolu died in January.

On 3 December 2003, Istanbul SSC acquitted Mr. Zarakolu of charges under Article 312 TPC. The trial had been opened for his translation of The Regime of 12 September on Trial, by Dr. Gazi Çağlar of Hannover University.

On 10 September 2004, Istanbul Heavy Penal Court No. 14 (former Istanbul SSC No. 4) concluded the case against publisher Ragıp Zarakolu, owner of the newspaper Ülkede Özgür Gündem (Free Agenda in the Country), Ali Çelik Kasimogullari and editor-in-chief of the newspaper Mehmet Çolak in connection with “Sana Ne” (What’s That to You), an article dated 8 March 2003. The court sentenced Mr. Kasimogullari to a fine of TL 3.3 billion and Mr. Çolak to 6 months’ imprisonment and a fine of TL 1.65 billion under Article 7/2 of the LFT (making propaganda for an illegal organization). Mr. Çolak’s sentence was commuted to a total fine of TL 3.73 billion. Mr. Zarakolu’s file was separated due to legal change made regarding Article 312 TPC. He was to be tried at a Penal Court. Beyoglu Penal Court No. 2 heard the case on 2 March 2005 and adjourned the hearing to 12 May. Further hearings were held on 21 September and 11 October 2005. Result unknown.

In December 2004, Mr. Zarakolu was first charged for publishing a Turkish translation of British author George Jerjian’s book The Truth Will Set Us Free: Armenians and Turks Reconciled under Article 159 of the Turkish penal code, which made it illegal to “insult or belittle” various state institutions. That article was replaced in March 2005 with the now-infamous Article 301, a new version of the insult law that conservative prosecutors have since used against dozens of writers, journalists, and publishers in Turkey (article 301was slightly amended on April 30, 2008). On 20 September 2005 Istanbul Penal Court No 2 continued to hear the case against Mr. Zarakolu, in connection with The Truth Will Set Us Free.
The hearing was adjourned to 22 November for investigation of the expert report. The charges were related to Article 301 of the new TPC (June 2005). The latest two cases were combined and further hearings were held on 21 November and 15 February, 19 April, 21 June and 14 December 2006. The next hearing was scheduled for 15 March 2007. On June 17, 2008, Mr. Zarakolu was convicted of “insulting the State” under Article 301 for publishing Jerjian’s book.  He was sentenced to a five-month prison term, which was reportedly subsequently commuted to a fine. He is appealing the conviction.

In 2005–2007, Mr. Zarakolu was indicted for the Turkish translation of Prof. Dora Sakayan's book, An Armenian Doctor in Turkey. G. Hatcherian: My Smyrna Ordeal in 1922 (Montreal, 1997). According to the indictment, Mr. Zarakolu was to be sentenced following Article 301 of the new Turkish Penal Code (Article 159 of the former Turkish Penal Code). This case had its first hearing in August 2005, when the prosecutor demanded a six-year prison sentence for Zarakolu for “insulting the Army” and also “insulting Turkishness” by publishing this book. Attila Tuygan, the translator of Dora Skayan’s book, testified as a defense witness and stated that as translator of the book, he held himself responsible. As a result, Zarakolu was acquitted, but a new trial against the book under Article 301, with Tuygan held responsible, is still expected. On May 3, 2007, Mr. Zarakolu was acquitted in this case.

On June 10, 2010, a court acquitted Mr. Zarakolu of “spreading propaganda” for the banned Kurdish Workers Party (PKK) under Article 7/2 of the Anti-Terror Law for publishing Mehmet Güler’s book More Difficult Decisions Than Death. The case was initiated in May 2009, when the prosecutor initially stated that some parts of the novel evoke sympathy for the PKK, but at a hearing on November 19, 2009, the prosecutor then pointed out that no crime had been committed and called for the two to be released. However, at the next hearing on March 25, 2010, another prosecutor expressed the opposite view—that the book does provide terrorist propaganda. Mehmet Güler was convicted on the same charge and sentenced to 15 months in prison, but remains free pending appeal.

On March 10, 2011, Mr. Zarakolu was convicted of spreading propaganda to support the Kurdish Worker’s Party (PKK) under article 7/2 of the Anti Terror Law, following the publication of Mehmet Güler’s book The KCK File/The Global State and Kurds Without a State. Zarakolu was sentenced to a fine, and Güler to a 15-month suspended prison term. Mr. Zarakolu and Mr. Güler both deny the accusation that the book promotes violence and state that they are both committed to greater understanding of—and a peaceful resolution to—Kurdish issues.

The first hearing took place September 30, 2010, and was attended by Maureen Freely, writer and translator of Orhan Pamuk’s recent novels, and Johann Hari, journalist for the Independent newspaper, on behalf of English PEN. PEN Sweden also sent two representatives, the writer and PEN board member Firat Ceweri, and the writer Maria Modig. Mr. Zarakolu did not attend the trial due to ill health, although the court issued a writ compelling him to attend. The trial was then postponed until December 2, 2010. On 10 March 2011, Mr. Zarakolu was fined, and author Mehmet Güler given a suspended prison sentence of 15 months. The Writers in Prison Committee of PEN International is troubled by the sentences against Mr. Zarakolu and Güler which contravene international standards safeguarding the right to freedom of expression.

The publisher’s latest legal ordeal began on 4 October 2011.

Mr. Zarakolu spent a total of two years and half in prison, some of it in Turkey's F-style prisons, reputed for their isolation cells. Despite his constant financial and medical struggles, he refuses to give up : “Whether it's a member of the European Community or not, Turkey must reform. The citizens of Turkey demand their rights.” [25]

 

 

Appendix B

Ragip Zarakolu's defense speech at his hearing on Sept. 21, 2005 about the accused book titled:  Experiences of an Armenian Doctor, Garabet Hacerian's Izmir Diary by Dora Sakayan.

 

“Honorable Members of the Court,


I believe that by publishing Dora Sakayan's grandfather's, Dr. Garabet Hacerian's diary ­ which gives a witness account on the last days of Greek-Turkish war in the city of Izmir ­ I helped an aspect of a historical event to be brought up to daylight. Dora Sakayan is a professor at McGill University, in Montreal, Canada. I was astonished that a case was opened against this book and the Ministry of Justice approved it.

 
All wars are bad since they devalue human life and dignity. And the biggest victims of all wars are the civilians, the women, the old, the children. The main reason for war legislation and Geneva War convention is to try to make sure that an inhuman event such as war is directed to a humane ground, even at a minimum level. One of the best ways to prevent new civil and other wars is to extend a culture of peace, allowing the lessons of the previous wars to be learned. And that goes for all sides.

 
Talking about past sufferings, sharing pain helps people to let out painful feelings and go eventually beyond hostilities and understand the other. This brings unity and peace.

 
Garabet Haceryan was a loyal citizen of his country. Despite all tragic events, he served in Ottoman army and was discharged in 1918. He chose to live in Izmir. He did not panic at the recapturing of the city by the Turkish army. He thought that his medals and documents would help him. But he faced the tragic events, told in the book. We owe him an apology. Publishing this book can be counted as part of that apology. Therefore the accusation that the book insults Turkish national character or the Turkish army is totally unfair. All these events really happened. Banning things will not change anything.

 
Moreover, the person who is the most responsible for the tragedy that took place in Izmir is Sakally Nurettin Pasha who led a mob to lynch the Izmir Ortodox Metropolit. He declared himself the conqueror of Izmir and tried to profit from it politically. The same person was investigated by the Turkish Parliament for his cruelties during 1921 Kocgiri and Pontus events and his Central Army was dispersed. Ismet Pahsa expressed his disgust at the lynching of journalist Ali Kemal who opposed the liberation war, by Nurettin Pahsa in Yzmit in 1922. Ismet Pasha thought he should have been tried instead.


The indictment is utterly unfair. Dr. Haceryan talks about the atrocities of Greek army, too, as they retreated. The prosecutor claims the opposite. I would ask him to read the book more carefully. Insult and getting information are very different notions but yet can be confused sometimes as this case is an example of this confusion. We, as publishers, were tried with a similar charge for publishing a novel on the same issue 23 years ago in 1982, at Istanbul Martial Law Court. It was a novel by Dido Sotiriyu, titled "Give My Regards to Anatolia," the book had won Abdi Ypekci Turkish-Greek Friendship Award. We were acquitted under the circumstances of the 12 September coup. We took our books back. Later on, Commandership of Land Forces bought 160 copies of that book. Even under the extra ordinary conditions of that time there were many military judges who tried to be loyal to justice and were exiled as a result.

I am asking the court to withdraw the accusation about me which I believe totally unjust.

 
Ragip Zarakolu”[26]

 

 

 

 



[1] “Who is Ragıp Zarakolu?” IPA Freedom to Publish Committee blog, freedomforragip.wordpress.com.

[2] http://www.agiasofia.com/asan.html

[3] “Who is Ragıp Zarakolu?” IPA Freedom to Publish Committee blog, freedomforragip.wordpress.com.

[4] Vercihan Ziflioğlu, “Released Turkish Publisher Beginning Protest of Silence,” Hürriyet Daily News, 14 April 2012.

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] Ibid. For a list of recent legal actions against Mr. Zarakolu, see Appendix A.

[8] “Zarakolu's Urgent Call from Frankfurt Book Fair,” www.info-turk.be/398.htm#Publisher

[9] Open letter from Ragip Zarakolu, www.pen.org/viewmedia.php/prmMID/6233/prmID/1610   

[10] Vercihan Ziflioğlu, “Turkish Intellectuals Protest Arrest of Publisher,” Hürriyet Daily News, 3 November 2011.

[11]  http://gercek-inatcidir.blogspot.com/2011/10/yetti-artik_29.html

[12] www.ipetitions.com/petition/detentionsinturkey/

[13] www.pen.org/viewmedia.php/prmMID/6233/prmID/1610

[14] Dave Itzkoff, “Paul Auster Responds After Turkish Prime Minister Calls Him ‘an Ignorant Man’,” New York Times, 1 February 2012.

[15]

www.gitinitiative.com/">www.gitinitiative.com.

[16] Vercihan Ziflioğlu, “Released Turkish Publisher Beginning Protest of Silence,” Hürriyet Daily News, 14 April 2012.

[17] www.nature.com/news/turkey-cracks-down-on-academic-freedom-1.10942

[18] www.aga-online.org/news/detail.php?locale=en&newsId=511

[19] Vercihan Ziflioğlu, “Journalists Tried in Fresh Wave of KCK Case Today,” Hürriyet Daily News, 10 September 2012.

[20] http://publishers.org/press/65/

[21] “Zarakolu Deserves the Nobel Prize, Not Prison,” BIA News Center, Istanbul, 4 November 2011.

[22] “Zarakolu Nominated for Nobel Peace Prize,” BIA News Center, Istanbul, 6 February 2012.

[23] “AGA-Solidaritätserklärung zum Strafprozess gegen Ragip und Deniz Zarakolu, Prof. Bürşu Ersanlι und viele andere,” Working Group Recognition, Berlin, 1 July 2012.

[24] PEN American Center, http://www.pen.org/viewmedia.php/prmMID/773/prmID/172

[25] http://www.agiasofia.com/asan.html

[26] Ibid. [English citations uncorrected, taken directly from source]

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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 23:14

Il y a un an jour pour jour, le 7 octobre 2011, Deniz Zarakolu était arrêté en vertu de la loi anti-terreur pour des crimes imaginaires. Doctorant en sciences politiques, traducteur et éditeur à Belge, fils de Deniz Zarakolu, il avait déjà été arrêté en 2002 pour avoir honoré la mémoire de sa mère, lors de ses obsèques. Le GIT France et le GITinitiative continueront d’agir pour sa libération et l’abandon de toutes les charges, comme pour tous les étudiants, professeurs, chercheurs, traducteurs, éditeurs, victimes de la répression des libertés en Turquie. 

  

GIT--Deniz-Zarakolu.jpg 

Avec l’écrivaine Elif Şafak

 

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2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 22:00

 

Six des co-fondateurs de l’initiative GIT (Groupe international de travail « Liberté de recherche et d’enseignement en Turquie ») et trois personnalités intellectuelles ont adressé au Comité Nobel, le 26 septembre 2012, un appel en faveur de l’obtention par Ragıp Zarakolu, éditeur, intellectuel et combattant des droits humains en Turquie, du Prix Nobel de la Paix. Voici la version librement adaptée en français du texte anglais envoyée à Oslo.

Cette initiative pour Ragıp Zarakolu doit permettre d’attirer davantage l’attention de l’opinion internationale et des communautés scientifiques sur la situation des libertés individuelles en Turquie et le sort de ceux qui défendent le droit aux études universitaires et à la recherche indépendante : nombre d’entre eux sont en prison ou sous le coup d’inculpations en vertu de la législation anti-terreur.

 

Pour signer l’appel (en tant que chercheur, universitaire, étudiant, traducteur, éditeur, journaliste, intellectuel,..), merci de vous de se connecter au site du GITInitiative (www.gitinitiative.com) où vous trouverez le texte officiel de l’appel et la procédure pour le signer.  

 

Premiers signataires

 

Hamit Bozarslan, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales/EHESS (histoire, sociologie), Yves Déloye, professeur à Sciences Po Bordeaux et à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (science politique), secrétaire général de l’Association française de science politique, Vincent Duclert, professeur agrégé à l’EHESS (histoire), Diana Gonzalez, enseignante à Sciences Po Paris (sociologie, esthétique), Emine Sarikartal, doctorante à l’université de Paris-Ouest, traductrice et éditrice (philosophie), Ferhat Taylan, doctorant à l’université de Bordeaux et traducteur (philosophie), co-fondateurs du GIT Initiative,

Alexis Govciyan, Président du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, Président d’Europe de la mémoire ; Dr. Dalita Roger-Hacyan, maître de conferences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Roger W. Smith, professeur émérite au College William and Mary in Virginia, co-fondateur et ancien Président de l’IAGS-International Association of Genocide Scholars.

 

 

 

 

POUR RAGIP ZARAKOLU

 

*

 

APPEL EN FAVEUR DE SA DISTINCTION

 

PAR LE PRIX NOBEL DE LA PAIX

 

26 septembre 2012

 

 

 

 

Ragıp Zarakolu

 

Editeur indépendant et combattant des droits humains en Turquie.

 

 

 

Le 28 octobre 2011, l’éditeur indépendant et combattant des droits humains Ragıp Zarakolu, âgé à l’époque de 63 ans, malade et affaibli, était arrêté une nouvelle fois dans son pays, la Turquie. Son fils, éditeur lui aussi, avait connu le même sort quelques semaines auparavant, pour les mêmes faits de liberté d’expression traités comme un crime terroriste. Loin de renoncer à ses idéaux devant cette épreuve qui s’ajoute à tant d’autres, Ragıp Zarakolu affronte l’emprisonnement avec la détermination morale léguée par le combat pour les droits humains en Turquie.

Pour Ragıp Zarakolu, un même engagement, commencé des années plus tôt avec sa femme Ayşe Nur, reprend. Ils ont été tous les deux, depuis un demi-siècle, aux premiers plans de la mobilisation pour la Turquie démocratique vivante. Ils ont connu l’expérience destructrice de la prison turque, pour prix de leur combat en faveur de la « diffusion d’une attitude de respect envers la diversité des pensées et des cultures de Turquie ». La promotion de cette attitude passe par un travail de connaissance et de vérité sur l’histoire de la Turquie. Celui-ci exige la liberté intellectuelle et politique autant qu’une émancipation sociale. Fidèles en cela aux hautes traditions intellectuelles du pays, ils ont donné au livre et à l’édition leurs lettres de noblesse. La contribution de Ragıp Zarakolu au progrès intellectuel et politique de la Turquie est inestimable. Par son engagement pour la démocratie et la culture dans son pays, il a démontré qu’un tel combat servait les intérêts de toute l’humanité dans son effort de reconnaissance des valeurs communes de liberté, de vérité et de dignité. Toute la vie de Ragıp Zarakolu et son existence de travail témoignent de ces convictions démocratiques et d’une action déterminée pour les défendre.

Ragıp Zarakolu est né en 1948 à Büyükada, près d’Istanbul, alors que son père Remzi était sous-préfet de l’île. Ragıp a grandi parmi les membres des communautés grecque et arménienne de Turquie. En 1968, il a commencé à écrire pour les revues Ant (« Le Serment ») et Yeni Ufuklar (« Nouveaux Horizons »). En 1971, Ragıp Zarakolu est poursuivi pour « relations clandestines avec Amnesty International » et passe cinq mois en prison. En 1972, il est à nouveau condamné à deux ans de prison, qu’il a accomplis au centre de détention de Selimiye (Istanbul) pour un article dans Ant sur Ho Chi Minh et la guerre du Vietnam ; il est libéré en 1974 à la faveur d’une amnistie générale. Il s’engage plus à fond dans la défense de la liberté de pensée, seul moyen d’assurer l’expression de la diversité des pensées et des cultures de Turquie ». Avec sa femme, il crée en 1977 les éditions Belge (« Documents »), puis cofonde le quotidien Démokrat dont il prend la direction de la section « étranger ». Jusqu’au coup d’Etat de 1980, les éditions Belge avaient surtout publié des livres académiques et théoriques. Puis, Belge a commencé à publier une série de livres écrits par des prisonniers politiques : recueils de poèmes, nouvelles, romans. La liste des publications de Belge inclut aussi des traductions de la littérature grecque, des ouvrages sur la question arménienne et les Juifs en Turquie. De nombreuses publications concernent également la question kurde en Turquie. Parmi les livres relatif génocide arménien, figurent les traductions des études classiques d’Yves Ternon et de Vahakn Dadrian interdites en Turquie, l’ouvrage de George Jerjian, La Vérité nous délivrera : Arméniens et Turcs réconciliés, et celui de Dora Sakayan, Un Médecin arménien en Turquie, Garabed Haztcherian, qui a valu de nouvelles accusations en 2005. En novembre 2007, Zarakolu publie le livre de David Gaunt, Massacres, Resistance, Protectors sur le génocide des Assyriens.

Cette activité éditoriale à l’importance politique, intellectuelle et morale considérable fait de Belge une cible permanente de l’ultra-nationalisme fréquemment au pouvoir en Turquie. Les éditions Belge ont été la cible de la censure turque depuis leur création par Zarakolu et sa femme Aysenur. Les charges ont valu au couple des peines d’emprisonnement, la confiscation et la destruction des stocks de livres, et de lourdes amendes. Ragıp Zarakolu a été brièvement emprisonné en 1982, en raison de sa position dans Demokrat, puis expulsé du pays jusqu’en 1991. En 1995, le siège des éditions Belge a subi un attentat à la bombe, perpétré par un groupe d’extrême droite. Depuis le décès prématuré de sa femme en 2002, suite à des emprisonnements successifs, les poursuites judiciaires ont continué contre Ragıp Zarakolu. Refusant cette destruction méthodique des droits civiques et de la liberté d’expression en Turquie, Ragıp Zarakolu s’implique dans leur défense. En 1986, il compte parmi les 98 fondateurs de la l'Association des droits de l'Homme de Turquie (IHD). En 2007, il accède à la présidence du Comité pour la liberté de publication de l'Union des éditeurs de la Turquie (TYB). Il est également le représentant en Turquie du Comité pour la liberté de publication de l'Union internationale des éditeurs (IPA), et le président du comité pour les écrivains emprisonnés du PEN-Club International en Turquie.

Si Ragıp Zarakolu est la cible d’une persécution permanente dans son pays, il est en revanche honoré au niveau international par des prix et des hommages prestigieux. Le 21 avril 2005, il reçoit à l’Hôtel de Ville de Paris, des mains du du maire Bertrand Delanoë, la Médaille du Courage pour ses publications sur le génocide arménien. La même année, il est titulaire du prix de « la liberté d'expression »conjointement attribué par l'Union des écrivains norvégiens et le Ministère norvégien de la Culture. En 2008, il est le lauréat du Prix IPA « Pour la Liberté de publier ». Il a également reçu le prix « La liberté de pensée et d'expression » décerné par l'Union des éditeurs de Turquie, le prix « La liberté de la presse » donné par l'Association des journalistes de Turquie. Récemment encore, lui a été remis par la Bibliothèque nationale arménienne la médaille d'honneur « Hagop Megapart » pour sa contribution à la reconnaissance de l'histoire, la culture et la littérature arménienne en Turquie. En 2010, il fut au nombre des cinquante écrivains retenus par l’International PEN pour le cinquantième anniversaire de sa campagne d’action en faveur de la liberté d’expression depuis 1960 (« Because Writers Speak Their Minds »).

*

 

Le mardi 4 octobre 2011, 150 personnes sont arrêtées dans le cadre du procès « KCK », dans le Sud-est à Diyarbakir et à Gaziantep. Mais c’est à Istanbul que la rafle est la plus importante, avec 90 arrestations dont 83 membres ou dirigeants du BDP (parti kurde légal), des journalistes, et aussi Deniz Zarakolu, fils de Ragıp, doctorant en sciences politiques et éditeur pour Belge. Le 12 octobre, alors qu’il participe à la Foire internationale du livre de Francfort, Ragıp Zarakolu réagit par un vibrant appel en faveur de son fils et de Suzan Zengin l’une des principales traductrices attachées à la maison. Il dénonce l’acharnement policier qui frappe Belge, une nouvelle fois dans la longue histoire de ces éditions, honneur de la Turquie incarnée dans la tradition de la liberté de pensée.

 

« Notre éditeur Deniz Zarakolu, ingénieur, actuellement doctorant à l'université Bilgi d'Istanbul, a été arrêté pour avoir donné une conférence sur La Politique d'Aristote dans le cadre de l'Académie du parti kurde BDP, parti légal qui siège au Parlement. Deniz Zarakolu est l'auteur d'un livre sur Thomas Hobbes, dont il a traduit Le Citoyen ou les Fondements de la politique. Ironie du sort, il avait également traduit, voici onze ans, un livre sur les problèmes du système juridique turc (The Independence of Judges and Lawyers in the Republic of Turkey: Report of a Mission, 1999, Centre for the Independence of Judges and Lawyers, Genève). Il a également traduit des ouvrages scientifiques pour l'université Bilgi, et il est traducteur au service des délégations de militants des droits de l'homme venant d'Europe. Par ailleurs, l'un de nos auteurs, Aziz Tunç, arrêté également, est l'auteur d'un ouvrage sur le massacre de Maras en 1978, Maraş Kıyımı - Tarihsel Arka Planı ve Anatomisi (« Maras. Contexte historique et anatomie d'un massacre »). Il écrivait un autre livre sur l'histoire de Maras et la multiculturalité. Sous prétexte de la loi anti-terreur, ils vont devoir attendre au moins une année jusqu'au début de la procédure judiciaire, uniquement pour le fait d'appartenir à un parti légal et d'avoir donné une conférence à l'Académie des sciences politiques du BDP. Pourtant ce type d'académie existe également dans le cadre du CHP et de l'AKP, comme c'est une tradition également dans les partis sociaux-démocrates en Allemagne, en Suède et en Norvège. Parmi les personnes arrêtées figurent également Ayse Berktay et A. Dursun Yıldız. Notre traductrice Suzan Zengin, qui a vécu en Allemagne, a passé deux années en prison, où elle a eu des problèmes de santé, et a été libérée voici deux mois. Il y a dix jours, elle a subi une opération cardiaque et est restée dans le coma depuis. C'est un énorme gâchis ! Nous craignons pour la santé de mon fils Deniz Zarakolu, qui a des problèmes d’asthme, et pour celle d'Aziz Tunç en raison du régime d'isolation en prison. Récemment Suzan Zengin avait traduit les actes d'un colloque sur « Exil, massacre et anéantissement des chrétiens d'Anatolie » (éd. Tessa Hofmann) ; elle avait également traduit pour nous une « Anthologie de la littérature chypriote grecque », une « Anthologie de nouvelles grecques sur Thessalonique » et une « Anthologie de chants et récits populaires assyriens ». C'est en 1991 que suis venu à la Foire de Francfort pour la première fois. A l'époque, c'est notre auteur Ismail Besikçi qui était en prison, à cause de ses travaux de recherche sur les Kurdes. Qu'est-ce qui a changé depuis ? Tous ont connu la prison à cause de leur engagement pour la paix, pour la liberté, pour l'égalité. Tous croient en la coexistence pacifique des différents peuples et cultures. Notre combat pour la vérité et l'humanité continue ! »

 

Les événements de début octobre 2011, avec l’arrestation de son fils, avec le décès de sa traductrice Suzan Zengin (des suites des conditions de sa longue détention), sont parmi les plus graves que Ragıp Zarakolu a du affronter dans sa longue existence d’intellectuel démocrate et d’éditeur indépendant. Quittant aussitôt Francfort pour Istanbul, il s’emploie activement à défendre les inculpés quand survient sa propre arrestation le 28 octobre. Une autre figure du monde intellectuel et scientifique turc est arrêtée au cours de cette rafle, Büşra Ersanlı, professeure renommée de sciences politiques et de droit constitutionnel de l’Université Marmara, spécialiste des processus de fabrique de l’histoire officielle en Turquie, arrêtée la veille de la table ronde internationale qu’elle devait présider à l’Université Bilgi d’Istanbul sur « Les questions controversées de l’histoire de la République turque ». 48 autres interpellations sont effectuées par la police antiterroriste qui investit les bureaux istanbuliotes du BDP. Après une longue garde à vue et une audience de 28 heures, le tribunal de Beşiktaş inculpe les deux intellectuels le 1er novembre d’ « appartenance à une organisation illégale », en vertu de la loi anti-terreur, et ordonne leur mise en détention préventive. Comme son fils détenu dans une prison de haute sécurité (à Edirne), Ragıp Zarakolu est soumis au régime des inculpés pour terrorisme dans la prison de Kocaeli, un établissement pénitentiaire réputé pour ses conditions implacables de détention.

 

Les documents saisis au domicile des inculpés ainsi que la teneur des interrogatoires fleuves démontrent la vacuité des chefs d’inculpation pour « terrorisme ». De sa prison de haute sécurité de Metris, Ragıp Rarakolu dénonce ces méthodes d’arbitraire par une lettre que son avocat transmet à la presse. « Mon arrestation et l'accusation d'appartenance à une organisation illégale font parties d'une campagne visant à intimider tous les intellectuels et démocrates de Turquie et plus particulièrement à priver les Kurdes de tout soutien », écrit-il. Zarakolu fait savoir également qu’au cours du raid à son domicile, la police n'a confisqué que quelques livres comme «preuves du crime» et n'a rien trouvé au sujet de sa soi-disant relation avec l'organisation en question. Les livres qui ont été saisis comme preuves du crime sont le 2e volume de Vatansiz Gazeteci (« Journaliste apatride ») de Dogan Özgüden, rédacteur en chef d'Info-Türk, Habiba d'Ender Ondes, le processus de paix de Yüksel Genç, les manuscrits de quelques livres sur le génocide des Arméniens et sur l'histoire arménienne. Il ajoute que toutes ses cartes bancaires et de crédit ont été confisquées par la police. Rappelant qu'il est invité à de nombreuses conférences à l'étranger, principalement durant la semaine prochaine à Berlin, puis à l'Université Colgate, à Los Angeles et dans le Michigan, Zarakolu déclare : « Le gouvernement devrait leur répondre quant à la raison réelle de mon arrestation. »

 
Zarakolu conclut sa lettre par l'appel suivant: « Lors de mon interrogatoire, ils n'ont posé aucune question au sujet de l'organisation dont j'étais accusé d'être membre. Ils ne m'ont posé des questions que sur les livres que j'ai écrits ou préparés à la publication, les réunions publiques où j'ai parlé ou auxquelles j'ai assisté. Je pense que tout le monde devrait conjointement réagir contre cette campagne d'arrestations qui se transforme en un lynchage collectif. Ces pratiques illégales doivent être arrêtées. » La voix des détenus comme la sienne est cependant étouffée par les assauts des médias islamistes qui n’hésitent pas à recourir, par exemple à l’antisémitisme, pour mieux discréditer le patriotisme des intellectuels démocrates. Ces lynchages médiatiques se conjuguent avec des piratages de site informatiques et des manipulations de données personnelles visant à corrompre l’image des inculpés dans les procès politiques. Les procès en diffamation sont interminables et les contre-enquêtes difficiles en raison de la fragilité croissante de la presse indépendante du pouvoir et de l’intimidation permanente de la défense allant jusqu’à l’emprisonnement des avocats.  

 

*

 

Malgré les risques encourus, les protestations se multiplient en Turquie contre ces arrestations massives . La haute figure intellectuelle et morale de Ragıp Zarakolu est au cœur de ces mobilisations nationales et internationales. Un appel signé de l’ancien maire d’Istanbul Ahmet İsvan, de l’ambassadeur Temel İskit, de l’écrivain Yaşar Kemal et de plusieurs professeurs d’université est rendu public. L’Initiative d’Ankara pour la Liberté de Pensée lance une pétition intitulée « Ça suffit ! » , puis organise à Ankara une « nuit de soutien » à l’éditeur afin qu’il soit de nouveau « réuni avec ses livres ».

 

La mobilisation s’organise également au niveau mondial. Plusieurs pétitions voient le jour, l’une en langue anglaise (« Stop aux détentions arbitraires en Turquie ! » ), une deuxième en langue allemande par le biais du Working Group against Genocide for International Understanding ). Les sections du PEN-Club, notamment celle de New-York, s’engagent pour Ragıp Zarakolu. Aux Etats-Unis toujours, la Jeri Laber Human Rights Watch, lui attribue le 28 avril son Prix 2012. Apprenant l’honneur qui lui est fait, Zarakolu déclare : « Merci pour ce prix très important et pour votre soutien à la liberté de publier. Je suis heureux d’accepter ce prix, non seulement pour moi, mais au nom de tous les éditeurs, écrivains et journalistes qui restent en prison en Turquie. Bien que j’ai été libéré, je reste sous la menace d’une nouvelle arrestation à la faveur de lois anti-démocratiques et de procès inéquitables. J’ai été arrêté sans raison donnée, et après cinq mois, j’ai été libéré sans raison donnée. Je ne suis pas un militant politique. Depuis près de 40 ans, j’ai été un éditeur et un défenseur des droits humains. » En France, le Conseil de coordination des organisations arméniennes lance une collecte de fonds afin de soutenir l’activité de Belge au moment où les éditions se voient privées de leur directeur : des commandes de livres sont ainsi adressées à Istanbul.

 

Dès le 4 novembre 2011, des voix s’élèvent pour demander que Ragıp Zarakolu deviennent un futur lauréat du Prix Nobel de la Paix. « Cet homme n’a rien à faire en prison, il mérite le Prix Nobel », déclare Bjorn Smith-Simonsen, président de l’IPA (International Publishers Association). Au début de l’année 2012, des membres du Parlement suédois, Amineh Kakabaveh, Jens Holm, Bengt Berg, Siv Holma, Marianne Berg, Jan Lindholm et Valter Mutt, soumettent officiellement au Comité Nobel à Oslo la candidature de Ragıp Zarakolu.

 

Dans le monde entier, des personnalités de premier plan s’expriment en faveur de Ragıp Zarakolu comme l’écrivain Paul Auster protestant contre la Turquie « parce que des journalistes et des auteurs sont emprisonnés ». Interrogé par le journal Hürriyet, il insiste : « Combien sont actuellement prisonniers ? Plus d’une centaine ? ». Le Premier ministre Erdoğan réagit en accusant l’écrivain américain d’avoir l’indignation sélective puisqu’il ne s’émeut pas des violations des droits de l’homme en Israël. Et de conclure devant les cadres de son parti : « c’est du mépris pour la Turquie ! » . Paul Auster, très par ailleurs très sensibilisé à l’action des PEN (il est un membre important du PEN American Center), riposte en citant les chiffres de l’organisation : « il y a à peu près une centaine d’écrivains emprisonnés en Turquie, pour ne pas parler des éditeurs indépendants tels que Ragıp Zarakolu, dont le cas est surveillé de près par les PEN du monde entier ». Il ajoute : « Tous les pays sont imparfaits et assaillis par une myriade de problèmes, monsieur le Premier ministre, y compris aux Etats-Unis, y compris en Turquie, et c’est une conviction ferme en moi que dans le but d’améliorer les conditions de vie dans notre pays, dans tous les pays, la liberté de parole et de publication, sans censure ni menace d’emprisonnement, est un droit sacré pour tous les hommes et femmes » .

 

En Europe, une initiative d’ampleur prend la défense des emprisonnés. Elle débute par la publication dans le journal français Le Monde, deux semaines après les arrestations du 29 octobre, d’une tribune de chercheurs sur le « tournant liberticide en Turquie » (11 novembre 2011). Poursuivant leur action, les auteurs de l’article, rejoints par d’autres collègues, décident de la création d’un Groupe international de travail (GIT) pour la « liberté de recherche et d’enseignement en Turquie ». Un appel est lancé dans les trois langues (française, anglaise et turque) le 21novembre, signé par 33 chercheurs, universitaires et spécialistes, majoritairement basés à Paris et dont les différents statuts, nationalités ou origines se trouvent dépassés par un but commun, celui de défendre la liberté de recherche et d’enseignement considérée comme un droit démocratique fondamental – en Turquie comme ailleurs. Tandis que la déclaration devient l’objet d’un processus pétitionnaire avec pas moins de quatre listes de signataires totalisant plus de 500 noms collectés du 21 novembre 2011 au 15 février 2012, ses auteurs lancent la création d’une plate-forme d’information et de mobilisation des scientifiques et intellectuels à l’échelle mondiale.

 

Une première antenne du GIT Initiative est créée à Paris, et des règles de fonctionnement sont proposées aux collègues d’autres pays souhaitant s’impliquer dans ce réseau international. Organisation très décentralisée, dotée d’une forte autonomie, fondée sur l’exigence liberté politique que recèle la pratique de la recherche et de l’enseignement, le GIT Initiative va rapidement réunir de nombreux chercheurs et susciter la création de branches aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Grèce, en Suisse. Certaines d’entre elles font montre d’une grande activité dont témoigne le site du GIT North America. Individuellement, les membres du GIT interviennent dans les grands journaux et sur les sites mondiaux d’information. De nombreux chercheurs de nationalité ou d’origine turque, mais travaillant à l’étranger, rejoignent l’initiative, démontrant que le destin de la Turquie dépend aussi de ces élites intellectuelles mobilisées en dehors des frontières pour la démocratie.

 

Persistant dans sa politique de répression, le gouvernement déclenche de nouvelles rafles, comme celle du vendredi 13 janvier 2012. Il confirme par ailleurs la gravité des crimes (imaginaires) reprochés aux précédents inculpés. Le 19 mars 2012, le Procureur public d’Istanbul, Adnan Çimen, requiert  7,5 à 15 ans Ragıp Zarakolu pour avoir « soutenu et aidé une organisation illégale ». L’acte d’accusation de 2 400 pages est transmis au tribunal de Silivri (15e cour) qui doit juger à partir du 2 juillet 193 personnes, dont 147 détenus préventivement.

 

Refusant pareil chantage au terrorisme d’Etat, les soutiens internationaux aux prisonniers d’opinion intensifient leurs ripostes. Ils s’appliquent en premier lieu à transmettre toute information utile à la connaissance de la répression intellectuelle en Turquie et du sort des prisonniers d’opinion, ceux détenus dans les prisons de haute sécurité mais aussi les dizaines d’étudiants ordinaires oubliés au fond de leurs cellules. Les médias traditionnels de France, d’Angleterre, des Etats-Unis, sont sollicités, ainsi que les moyens numériques, sites, blogs, pages facebook,… Les prises de positions et déclarations des détenus sont également relayées comme la mise au point de Ragıp Zarakolu sur l’extrême dangerosité du négationnisme turc et la nécessité de la combattre, non comme une expression intellectuelle mais une violence arbitraire menaçant la justice sociale et détruisant les libertés fondamentales .

 

Les ripostes intellectuelles augmentent et leur unité s’accroît. Déjà étroit lors de la création du GIT initiative, le lien entre les actions internationales et celles qui sont conduites en Turquie se voit puissamment renforcé par la naissance du GIT Türkiye qui se dote de sa propre déclaration inaugurale, d’un site internet, et de plusieurs centaines de membres. Une conférence de presse est tenue à Istanbul le 26 juin. Le GIT Türkiye intensifie alors ses activités et s’organise pour les prochaines audiences du procès « KCK » fixées au 2 juillet 2012 au tribunal de Silivri, un immense complexe judiciaire et pénitentiaire situé à 80 kilomètres d’Istanbul.  

 

*

 

Des libérations anticipées sont décidées par le gouvernement turc afin de tenter de restaurer son image et de calmer les chancelleries occidentales. Le 10 avril 2012, Ragıp Zarakolu et 14 autres détenus (plus six personnes à Van) peuvent ainsi sortir de prison. Il est certain que l’ampleur de la mobilisation nationale et internationale a joué dans la décision du parquet. Mais cette première victoire ne peut suffire. L’objectif principal demeure, la libération de tous les prisonniers d’opinion en Turquie et l’abandon des poursuites. Car les charges demeurent pour tous les inculpés, et les libérations du 10 avril ne sont que conditionnelles, dans l’attente des audiences de Silivri.

 

Bien qu’épuisé par la prison, malade et fortement affecté par le maintien en détention de son fils et de beaucoup de ses amis, Ragıp Zarakolu refuse que sa libération puisse servir de propagande au gouvernement présent. Il annonce son intention de garder le silence et se soustraire ainsi à toute tentative de donner du fonctionnement de la justice turque une image « normale » : « Toute déclaration que je pourrais faire serait utilisée pour donner une apparence normale à une situation qui ne l’est pas. Tout comme mon arrestation arbitraire, ma libération inattendue et sans explication laissera au monde l’impression qu’elles [les autorités] ont commis une erreur et qu’elles se rétractent à présent », a déclaré l’éditeur au journal Hürriyet Daily News dans un entretien du 13 avril. « Quel que soit le commentaire que je ferai à partir de maintenant, il ne servira qu’à normaliser cette situation anormale, a-t-il ajouté. Aussi longtemps que les lois en question resteront en vigueur, la liberté d’opinion ne sera qu’un mensonge grossier et rien d’autre. Il est possible aujourd’hui de mettre les gens en prison sur des suppositions de conspiration ».

 

Dans cet entretien à Hürriyet, Ragıp Zarakolu explique comment son long combat se rattache aux valeurs qui furent celles de sa famille et de sa femme disparue, exemples d’une Turquie vivante et démocratique. Son père, Remzi Zarakolu, ex-gouverneur de la circonscription des Iles du Prince, a été naguère démis de ses fonctions parce qu’il se situait dans l’opposition. Il n’a pas survécu à cette persécution administrative, contraire à son idéal de liberté. « Mon oncle, Zeki Zarakolu, un aviateur, est mort à 49 ans d’une crise cardiaque, parce qu’il n’avait pu se faire au coup d’Etat de 1960. Lors du coup d’Etat du 12 mars [1971], ils ont fait irruption chez moi ; ils me recherchaient [pour m’arrêter]. Ma vie s’est passée entre les prisons et les tribunaux, et comme si cela ne suffisait pas, ils ont ruiné la santé de mon immortelle partenaire, Ayşe [Nur Zarakolu], l’ayant enfermée entre des murs [de prison]. Elle n’a jamais reculé sur les sujets qu’elle savait être justes, et je l’ai perdue, encore jeune, des suites d’un cancer. En tant que famille, nous avons à chaque fois payé notre part. Comme si tout cela ne suffisait pas, mon fils Deniz avait été inculpé à la suite d’un discours d’adieu qu’il avait fait sur la tombe de sa mère[en 2002]. Si je suis à présent content parce que j’ai été libéré ? Non. J’ai dû abandonner mon fils derrière les barreaux de la cellule que je partageais avec lui. Avec lui, nous partageons la même destinée. Nous continuons à payer le prix des valeurs dans lesquelles nous croyons, d’une génération à l’autre, de père en fils ».

 

L’approche des audiences de Silivri suscite de nouvelles actions. Une tribune signée des membres principaux du GIT France est publiée par Le Monde. Elle dégage les enjeux généraux de ce procès monstre. La grande revue scientifique Nature publie un article du Dr. Alison Abbott sur la mobilisation mondiale des chercheurs en faveur de leurs collègues de Turquie . De fortes pressions diplomatiques européennes sont exercées sur la Turquie tandis qu’an sein du gouvernement et du parti AKP, les dissensions augmentent au sujet de la politique répressive. Le 2 juillet, le GIT Türkiye, des membres de l’IPA, du PEN, de l’Association des éditeurs turcs (TYB), et des correspondants étrangers sont massés à Silivri. Au cours d’une conférence de presse improvisée devant le tribunal, Ragıp Zarakolu, rompant le silence qu’il s’est imposé depuis sa libération, assimile les prisons en Turquie, celles en activité comme celles dont la construction bat leur plein, de « Goulag turc ». « Un cancer ronge ce pays avec ce procès KCK », déclare-t-il encore. Et il ajoute que la liberté d'expression est gravement menacée dans ce pays, comme à l'époque de 12 septembre 1980, date à laquelle le pays a connu le plus grave coup d'Etat qui a précipité la Turquie dans la dictature militaire.

*

Le doute commence à s’installer chez les accusateurs d’autant que le pouvoir politique envoie des signaux contradictoires. La conséquence en est la décision de mise en liberté, le vendredi 13 juillet, de Büşra Ersanlı, ainsi que de l’étudiante Büşra Beste Önder et 12 autres accusés du procès « KCK ». C’est une mesure limitée - de nombreux accusés restent en détention comme Deniz Zarakolu, et aucune des charges n’est abandonnée pour les autres -, mais néanmoins réelle. Elle bouscule la politique d’acharnement judiciaire jusque-là systématiquement appliquée, et accorde une victoire symbolique à ceux qui se sont battus pour Ragıp Zarakolu, Büşra Ersanlı et tous les autres. C’est aussi une victoire personnelle pour les emprisonnés qui ont transformé leur cas personnel en nouveau combat pour les libertés fondamentales et la souveraineté du savoir.

Le combat des intellectuels démocrates et de leurs soutiens internationaux est loin d’être achevé. Mais les développements judiciaires à venir, comme le sort de tous celles et ceux qui acceptent le sacrifice de leur liberté pour prix de leurs idées, ne cessent d’être observés par celles et ceux qui les défendent, en Turquie et dans le monde. Par leurs écrits puissants, leur courage résolu foi dans la liberté, les intellectuels démocrates de Turquie sont l’honneur de ce pays et le réveil des consciences fatiguées de l’Europe civilisée.

 

Au cœur de ces engagements, depuis un demi-siècle, se tient, inflexible malgré les années de prison, l’épreuve des procès, l’inquiétude pour ses proches et l’épuisement physique, Ragıp Zarakolu, combattant des libertés, de l’édition indépendante et de la recherche de la vérité historique. Sa vie témoigne de son engagement, de sa résistance à l’oppression avec ces armes de paix que sont les mots, les idées et les livres.

 

Ragıp Zarakolu mérite aujourd’hui d’être honoré du Prix Nobel de la Paix. C’est la recommandation que nous formulons solennellement en conclusion de cette déclaration.

 

. Cf. Vercihan Ziflioğlu, « Turkish Intellectuals Protest Arrest of Publisher », Hürriyet Daily News & Economic Review, 3 novembre 2011.

. « Le 28 octobre 2011, lors d'une grande chasse à l'homme à Istanbul contre les militants des droits de l’homme et les Kurdes, la police turque a également interpellé Ragıp Zarakolu, célèbre défenseur des droits de l’homme et directeur de la Maison d'édition Belge. Zarakolu est également le président, en Turquie, du Comité pour la Liberté d’Expression de l’Association des Editeurs. Son fils, Deniz Zarakolu, Editeur de la maison d'Edition Belge, a été arrêté le 4 octobre. Ragıp Zarakolu a publié de nombreux livres, tant sur l'oppression des minorités nationales en Turquie que sur le génocide arménien. Un peu plus tôt le 28 octobre 2011, au cours de la même chasse à l'homme, la professeure Büşra Ersanlı, experte en droit constitutionnel et membre de l'Assemblée du BDP, membre de la Commission Constitutionnelle du BDP, a été détenue avec des dizaines d'autres. »

(http://gercek-inatcidir.blogspot.com/2011/10/yetti-artik_29.html)

. « Nous vous prions de signer la pétition pour faire pression sur le gouvernement turc afin qu’il libère immédiatement tous ceux qui ont été mis en garde à vue dans le cadre des “opérations KCK” et afin d'exiger que le gouvernement du Premier ministre Erdoğan prenne l’engagement sincère de mettre fin à sa répression des efforts civiques en faveur des droits exigés par les citoyens kurdes de Turquie. »

(http://www.ipetitions.com/petition/detentionsinturkey/)

. AGA [Working Group Recognition Against genocide for international understanding - Berlin]

“Zarakolu Deserves the Nobel Prize, Not Prison,” BIA News Center, Istanbul, 4 novembre 2011.

“Zarakolu Nominated for Nobel Peace Prize,” BIA News Center, Istanbul, 6 février 2012.

. Cité par Reuters.

. Dave Itzkoff, « Paul Auster Responds After Turkish Prime Minister Calls Him “an Ignorant Man” », New York Times, 1er février 2012.

. www.gitinitiative.com

. http://gitamerica.blogspot.com/

. Ursula Gauthier, « Ragıp Zarakolu : En finir avec “l’esprit génocidaire” », Le Nouvel Observateur fr., 22 janvier 2012 (http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120122.OBS9495/ragip-zarakolu-en-finir-avec-l-esprit-genocidaire.html)

. Hürriyet Daily News, 13 avril 2012, propos recueillis par Vercihan Ziflioğlu.

. http://www.nature.com/news/turkey-cracks-down-on-academic-freedom-1.10942

. Cité par GIT France (www.gitfrance.fr).  

. Voir aussi : Vercihan Ziflioğlu, « Journalists Tried in Fresh Wave of KCK Case Today, » Hürriyet Daily News, 10 septembre 2012.

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 22:47

Communiqué du GIT France sur les violations des libertés académiques à l’Université de Galatasaray / Istanbul

 

                                                                                  Paris, le 27 Septembre 2012

 

            Chercheurs et enseignants dans les établissements français, nous venons d’apprendre, par le biais de nos collègues turcs du GIT Turquie, la très inquiétante remontée des cas de violations de libertés académiques à l’Université de Galatasaray. Ils attirent notre attention sur trois événements récents où la présidence de l’Université a arbitrairement empêché le déroulement des activités de recherche.

            En avril 2012, l’Institut du Progrès Démocratique (DPI) basé à Londres était censé organiser une réunion intitulé « le rôle des médias dans les conflits » dans les locaux de l’Université de Galatasaray, sur l’autorisation et avec la participation du président. Or, suite à un article publié dans le journal islamiste Akit, présentant cette réunion comme étant organisée par le PKK, le président de l’Université a renoncé d’y participer et déclaré qu’il était hors de question qu’une telle réunion ait lieu à l’Université. 

            Plus récemment, la réunion intitulée « le rôle des universités et de la société civile dans le gouvernement des institutions pénales », organisée par le Centre d’études sociales avec l’autorisation du Ministère de la Justice, censée avoir lieu les 3 et 4 Octobre 2012 à l’Université de Galatasaray, a du être annulée par les organisateurs suite à l’exigence de la présidence de l’Université de changer les présidents de séance. Il s’agit d’un cas d’ingérence directe de l’administration dans le fonctionnement de la recherche, qui a obligé les organisateurs d’annuler cet événement pour des raisons éthiques.

            Enfin, une conférence organisée par plusieurs organisations non-gouvernementales et le centre de recherche sur les médias de l’Université de Galatasaray (MEDIAR) sous le nom de « La Construction de l’égalité des sexes. Expériences turques et suédoises » avait eu l’aval de la présidence, jusqu’à ce qu’elle apprenne la participation de la députée du BDP, Sebahat Tuncel. La présidence a demandé l’exclusion de Mme Tuncel sous peine d’interdire la tenue de la conférence qui devait avoir lieu le 6 et 7 Octobre 2012. Le comité d’organisation n’ayant pas accepté une telle discrimination, la présidence a effectivement annulé son autorisation.

            Ces événements ont été dénoncés fermement par les chercheurs/enseignants de l’Université de Galatasaray, parce qu’ils témoignent d’un arbitraire qui empêche les libertés académiques. De plus en plus, les décisions politiques de l’administration se substituent à la logique propre de la recherche. Ces décisions sont souvent basées sur des aspects non scientifiques, tels que l’identité ethnique ou les positions politiques des participants aux événements scientifiques. Elles soulignent par ailleurs la pression toujours croissante des médias et de l’opinion islamo-nationaliste sur les activités régulières des universités et des centres de recherche en Turquie.

 

            Solidaires de nos collègues turcs, nous demandons à la présidence de l’Université de Galatasaray de cesser immédiatement toute intervention arbitraire sur l’exercice des libertés académiques. Nous rappelons que de nombreuses collaborations scientifiques sont en cours entre l’Université de Galatasaray et nos établissements en France. En effet, la poursuite de ces collaborations implique un respect total des conditions universelles de la recherche et de son autonomie. Dans les conditions actuelles du non respect de ces libertés, nous invitons nos collègues en France de reconsidérer le bien-fondé de leurs collaborations éventuelles avec la présidence de l’Université de Galatasaray. Nous resterons solidaires de nos collègues turcs dans leur combat pour une université ouverte et démocratique. 

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L'initiative GIT

GIT France est la branche française du

Groupe de travail international (GIT)

« Liberté de recherche et d’enseignement en Turquie », une initiative internationale d’universitaires, de chercheurs, d’étudiants, de traducteurs et d’éditeurs née à Paris le 21 novembre 2011

 

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