22 décembre 2012 6 22 /12 /décembre /2012 07:55

Remise du prix "Info-Türk 2012 pour la liberté" à Ragip Zarakolu par Dogan Özgüden (Photo: Dursun Aydemir)

 

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Les citoyens appartenant aux diasporas arméniennes, assyriennes, kurdes et turques en Belgique ainsi que leurs amis d'autres origines différentes se sont retrouvés le 19 décembre 2012 aux Ateliers du Soleil à l'occasion de la soirée marquant la remise du prix « Info-Türk 2012 : Pour la liberté » à un invité hors du commun, Ragıp Zarakolu, auteur, journaliste, éditeur et défenseur des droits de l'Homme.
 
Ce prix avait été décerné à
Ragıp Zarakolu au début de cette année alors qu'il se trouvait dans la prison de haute sécurité de type-F de Kocaeli.

 
Après une série de rencontres à Paris, Zarakolu a d'abord tenu une conférence de presse le mercredi 19 décembre 2012 à la Fédération européenne des journalistes (EFJ) sur l'état actuel de la liberté d'expression en Turquie.
 
Lors de cette conférence de presse modérée par le journaliste Mehmet Köksal, le vice-président de l'EFJ Philippe Leruth était un des intervenants principaux sur la situation dramatique de la liberté de la presse en Turquie. Un des moments les plus marquants de cette rencontre au Centre de la presse internationale était l'intervention de Jean-Claude Defossé, sénateur Ecolo et ancien journaliste, qui a fait part de son indignation quant à la situation en Turquie ainsi qu'au fait que le monde politique et la presse belge ne réagissent pas contre la violation de la liberté d'expression dans ce pays candidat à l'Union européenne.

  

Le même jour, à partir de 16h30, Ragip Zarakolu a rencontré ses amis dans les locaux des Ateliers du Soleil.
 

Après une présentation de la soirée par la présidente des Ateliers du Soleil Iuccia Saponara, les dirigeants de la Fondation Info-Türk Dogan Özgüden et Inci Tugsavul ont remis à Zarakolu le certificat du prix « Info-Türk 2012 Pour la liberté ».
 
En échange, Ragıp Zarakolu a remis aux associations de la diaspora, Fondation Info-Türk, Institut kurde de Bruxelles, Association des Arméniens démocrates de Belgique et l'Institut assyrien de Belgique un des livres que sa maison d'édition Belge a publié après sa mise en liberté.
 

Conférence de presse de Zarakolu à Bruxelles

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Philippe Leruth, Mehmet Köksal et Ragip Zarakolu à la tribune de la conférence de presse

 

L'éditeur et journaliste Zarakolu a tenu une conférence de presse le mercredi 19 décembre 2012 à la Fédération européenne des journalistes (EFJ) sur l'état actuel de la liberté d'expression en Turquie.

Lors de cette conférence de presse modérée par le journaliste Mehmet Köksal, le vice-président de l'EFJ Philippe Leruth était un des intervenants principaux sur la situation dramatique de la liberté de la presse en Turquie.
 
Un des moments les plus marquants de cette rencontre au Centre de la presse internationale était l'intervention de Jean-Claude Defossé, sénateur Ecolo et ancien journaliste, qui a fait part de son indignation quant à la situation en Turquie ainsi qu'au fait que le monde politique et la presse belge ne réagissent pas contre la violation de la liberté d'expression dans ce pays candidat à l'Union européenne.
 
Communiqué de la Fédération européenne des journalistes (EFJ):

72 journalistes se trouvent actuellement derrière les barreaux de prisons turques. Leur crime ? Rien de moins que d’avoir fait leur métier. Et si la presse n’y est pas libre, le droit à l’expression ne l’est pas davantage : la censure frappe aussi les intellectuels, les universités et, régulièrement, des sites internet. Qu’est-ce qui ne va pas avec ces libertés, pourtant fondamentales, en Turquie ? "La liberté de la presse est un thermomètre de la démocratie et, en Turquie, le thermomètre est cassé", a souligné Philippe Leruth, vice-président de la Fédération européenne des journalistes (FEJ), le 19 décembre, lors d’une conférence de presse à Bruxelles.
 
Pourquoi la Turquie détient-elle le record du monde du nombre de journalistes emprisonnés ? « On y criminalise le travail des journalistes », résume Philippe Leruth, comme ce fut le cas pour Baris Terkoglu, « adopté » par l’AGJPB. Mais les journalistes ne sont pas les seuls à faire les frais de cette répression : la Turquie vient ainsi de se faire condamner par la Cour européenne des droits de l’Homme pour violation de l’article 10 de la Convention européenne de droits de l’Homme, qui garantit la liberté d’expression. L’affaire portait sur le blocage de l’entièreté du service Google Site, faute de n’avoir pu interdire l’accès à l’un des sites hébergés sur cette plateforme et qui était accusé d'outrage à la mémoire d'Atatürk, le fondateur de la Turquie.
 
« En prison, j’étais plus libre d’écrire »
 
Ragıp Zarakolu, né en 1948, est un chroniqueur turc, écrivain, éditeur. Ce défenseur acharné des droits de l’Homme était venu pour témoigner de longues années de répression et d'harcèlement qui l’ont conduit, à plusieurs reprises, en prison. Ragıp Zarakolu a commencé à écrire au lendemain de ses études, en 1968. Trois ans plus tard, après le coup d’Etat, il est emprisonné pendant trois ans. En 1977, il fonde une maison d’édition qui sera soumise à la censure. Malgré l’acharnement des autorités turques, il n’a jamais déposé sa plume. En 2007, l’association des journalistes turcs le récompensait pour sa défense de la liberté d’expression.

Ragıp Zarakolu a notamment abordé le concept "d’ennemi intérieur" ainsi que l’importance du soutien international pour les intellectuels turcs. Non sans humour, il a affirmé qu’il était plus libre d’écrire lorsqu’il était emprisonné. Tout en rappelant les conditions pénibles de détention : privations, isolement… « C’est une réelle torture ». Il est également revenu sur l’assassinat de Hrant Dink, journaliste et écrivain turc, d’origine arménienne, assassiné à Istanbul en 2007. « Hrant Dink nous a sauvé la vie car sa mort a suscité des réactions importante dans le monde. » Quant à craindre pour sa propre vie, Ragıp Zarakolu dit ne pas s’en soucier. « Et je n’ai pas peur. »


« Je suis indigné du monde politique et journalistique belge ! »

Jean-Claude Defossé, sénateur écologiste et ancien journaliste, a fait part de son indignation quant à la situation en Turquie. Mais pas seulement : « Je suis indigné du monde politique belge qui a mis un an, au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, pour faire voter une résolution condamnant les atteintes à la liberté de la presse en Turquie. Et encore, il a fallu la diluer en y associant des pays des Balkans. Je suis encore indigné de constater à quel point la presse belge est silencieuse et entretient une omerta par rapport à ce qui se passe en Turquie. Je suis indigné et honteux par rapport à mes anciens collègues. Ici, il ne s’agit pas de plombiers-zingueurs mais de journalistes ! Je ne leur demande pas de faire du militantisme mais de faire leur métier. »

Les actions de la FEJ

Comment exprimer, depuis la Belgique, sa solidarité envers les journalistes turcs emprisonnés ? « On a des campagnes et des moyens de communication modernes », a expliqué Philippe Leruth. « A côté de ces actions collectives, on peut également agir de manière individuelle en écrivant à l’ambassade de Turquie pour protester contre l’emprisonnement des journalistes. » Dans sa page dédiée à la Turquie, le site de la FEJ publie une liste mise à jour des journalistes emprisonnés. A côté de leur nom, figure leur nombre de jours de détentions. Hatice Duman en est leur « doyen » : le journaliste est privé de sa liberté depuis plus de 3.550 jours.

En interne, la FEJ continue à soutenir l’union turque des journalistes « qui est sur le terrain, confrontée à la situation. On envoie, quand on peut, des délégués en Turquie pour montrer qu’on est présents. On a nommé un coordinateur de campagne à Bruxelles, le journaliste indépendant Mehmet Koksal. Et on poursuit nos contacts avec la Commission européenne. »


Voir :
http://www.ajp.be/actus/actus.php?id=672
http://www.youtube.com/watch?v=dOa7uipNneA&feature=youtu.be

Texte de l'intervention de Ragıp Zarakolu

lors de la conférence de presse

 

« Je suis témoin. Je suis un journaliste pour la vérité »


Il y a sept ans, le Comité de liberté d'expression de l'Union des Ecrivains de Turquie a fait la prédiction suivante:
 
« Le nouveau projet de loi contre le terrorisme (ATL) contient des dispositions très graves qui peuvent mettre en péril la liberté de pensée, d'expression et de la presse ainsi que la liberté de publication. »

Et un an plus tard après l'adoption de la nouvelle loi nous disions:

« L'un des développements les plus malheureux de 2006 a sans doute été la révocation de certains changements positifs qui avaient été apportés à la loi contre le terrorisme grâce à des avertissements sérieux exprimés par des écrivains, des journalistes et des éditeurs. En fait, ces changements sont susceptibles de créer une situation bien pire que celle qui existait auparavant. Nous souhaiterions que le pouvoir judiciaire adopte une prise de position plus indépendante et libre afin que la liberté d'expression puisse s'épanouir malgré ces changements législatifs. Cependant, il est très clair que l'intention des pouvoirs législatif et exécutif est insuffisante concernant la liberté de la pensée et de la publication. Il faut un changement majeur dans le comportement du pouvoir en ce qui concerne les libertés et droits fondamentaux.

Malheureusement, après la soi-disant «réforme» constitutionnelle de l'année dernière, non seulement la liberté de pensée et d'expression a été sans cesse soumise aux attaques, mais les droits fondamentaux tels que le droit de réunion et d'association sont également confrontés à des problèmes similaires. L'ingérence inadmissible dans la vie privée est devenue une pratique quotidienne. Les représentants élus du peuple, les associations professionnelles et les organisations non gouvernementales sont également devenus la cible d’attaques permanentes.

C'est comme si le fantôme du maccarthysme des années 50 était ressuscité. C'est l'ambiance d'un état d'urgence, c'est de facto la loi martiale.
 
La loi contre le terrorisme n'est plus un projet de loi qui traite de «terrorisme», elle est plutôt devenue une loi qui censure et une loi qui ne tient pas compte des libertés et des droits fondamentaux. Quant aux tribunaux dotés d’autorités exceptionnelles spéciales, ils ont été transformés en tribunaux de l'indépendance, en cour suprême de justice et en cours martiales du passé. La loi contre le terrorisme est, comme un cancer, l'acteur principal de l'érosion et de la destruction de notre pays. Il est triste de constater que notre pays ne cesse de devenir le pays ayant le plus de prisonniers politiques dans le monde.
 
L'un des faits les plus douloureux est que la construction des prisons est devenue le secteur le plus actif de notre industrie. La question ici n'est pas d'améliorer les conditions de détention, comme soulevée par les discussions entourant la tragédie récente de Diyarbakir, mais de créer les conditions afin que la Turquie soit un pays ayant moins de prisons. La Turquie n'a pas besoin de créer de nouveaux goulags, mais de faire vivre les droits fondamentaux et les libertés des individus. Si ceux qui sont au pouvoir ont peur de la formation des places Tahrir, nous ne pouvons que leur dire: «la peur ne peut jamais empêcher l'arrivée de l'ange de la mort» et que «chaque être est mortel».
 
Les graves violations de la liberté de pensée et d'expression et les droits fondamentaux en Turquie ont été une source de grande préoccupation au niveau international. C'est la raison pour laquelle, je veux tout d'abord attirer l'attention des organisations des journalistes professionnels.
 
A cause de la mauvaise utilisation des législations contre le terrorisme, la Turquie est devenue un pays où de nombreux journalistes, écrivains, militants des droits humains, militants des partis politiques légaux, étudiants, maires élus, Parlementaires élus se trouvent en prison seulement pour leurs activités légales et légitimes.
 
Chaque jour, de nouvelles restrictions répressives sont mises en pratique contre les libertés et les droits fondamentaux. La tentative de réforme constitutionnelle a été arrêtée par l’AKP après 10 ans de pouvoir.
 
Le gouvernement AKP perd de plus en plus sa légitimité acquise par des élections, parce qu'il préfère utiliser le pouvoir illégitime de la Constitution militariste de 1982. L’AKP veut supprimer le deuxième vainqueur de l'élection, le parti pour la démocratie et la paix (BDP), qui possède la majorité dans la région kurde.

La Turquie est sensée faire partie du système démocratique occidental, mais il est le seul pays européen, champion par le nombre de prisonniers politiques, en concurrence avec la Russie, la Chine, l'Ukraine, l'Iran et la Biélorussie.
 
Parmi plusieurs métiers en Turquie, c'est la profession de journaliste qui a eu le plus grand nombre de victimes au cours des trois dernières années.

J'ai commencé le journalisme en 1968 avec la revue politique hebdomadaire ANT, qui a été fermée par l'armée, puis mon journal Demokrat, qui a été fermé par la même armée en1980, et en 1990, nous avons poursuivi le journalisme dans le quotidien Özgür Gündem sous la menace d'enlèvements et d'assassinats. La semaine dernière encore, 2 journalistes des quotidiens Evrensel et Gündem ont été arrêtés.
 
La presse d'opposition comme Azadiya Welat, Evrensel, Gündem, Atilim et Birgün est toujours privée de nombreux correspondants, éditeurs ou distributeurs, jetés en prison.
 
Il y a aussi plus de 1000 poursuites judiciaires contre tous les médias, à cause de l'application abusive de la loi contre le terrorisme, du Code pénal avec son fameux article 301 et de la loi sur la presse qui empêche la jouissance de la liberté d'expression, de presse, d'écriture, de lecture et d'édition.

 
J'ai été arrêté à cause de mes conférences sur les journalistes en prison comme Ahmet Sik, Nedim Sener, Bedri Adanir, Vedat Kurshun et d'autres.

J'ai été arrêté parce que je défendais des libertés académiques.

 
J'ai été arrêté parce que j'ai publié des livres sur des sujets tabous comme la question kurde, le génocide arménien et la critique du négationnisme.
 
En 2011, j'ai été condamné parce que j'ai publié un livre sur un des sujets d'actualité, le procès KCK.

Ils m'ont condamné en tant qu'éditeur, or légalement je n'étais pas responsable, de l'écrivain N. Mehmet Güler. Le dossier a été envoyé à la Cour d'appel.
 
Mais ce n'était pas assez pour eux. Ils nous ont arrêté tous deux en tant qu'auteur et éditeur, cette fois dans le cadre d’ "organisation terroriste". Il n'était pas assez pour eux de nous condamner à cause du livre, ainsi ils nous ont mis en prison en vertu de la loi contre le terrorisme.
 
Après cinq mois d'emprisonnement, ils ont dû nous libérer.
 
N. Mehmet Güler se trouve dans une situation critique, car même après sa mise en liberté, des pressions, des menaces et des abus contre lui se poursuivent sans cesse.

Il est marié et père de 2 enfants, il a une entreprise, comme plusieurs autres personnes arrêtées. Les familles et enfants de prisonniers politiques souffrent lourdement.
 
Je souffre aussi non seulement comme un journaliste ou un écrivain ou un éditeur et militant des droits humains, mais également en tant que père.

 
Maintenant, je me trouve ici en tant que témoin pour des journalistes en prison avec qui j'ai travaillé pendant des années, par exemple avec Davut Ucar pendant 20 ans.
 
Oui, je suis son témoin de défense. Il n'est pas un « terroriste », il est journaliste.

 
Et d'autres: j'ai travaillé avec Zeynep Koray, Yuksel Genc, Huseyin Deniz, Fusun Erdogan, Nurettin Firat, Pervin Yerlikaya, Ramazan Pekgoz, Tayyip Temel, Tourabi Kisin, Ziya Cicekci, Zuhal Tekiner ou Zeynep Kuris etc… etc… Et ce pendant des années.
 
Je suis témoin pour Ayse Berkaty et Deniz Zarakolu; ils sont des chercheurs en sciences sociales et traducteurs.

Je suis témoin pour Mulazim Ozcan. Il est linguiste, poète et était mon professeur de langue kurde en prison.

Je suis témoin pour Muharrem Erbey. Il est un militant des droits humains et auteur de livres pour enfants.

 
Je suis témoin pour les membres du parti pour la démocratie et la paix (BDP). C'est eux qui ont réalisé le succès électoral de leur parti aux élections de 2011 malgré tous les obstacles anti-démocratiques.
 
Je suis témoin pour les parlementaires élus de ce parti qui se trouvent en prison.
 
Je suis témoin pour les maires kurdes élus et les autres représentants kurdes du pouvoir local.
 
Je suis témoin pour des étudiants universitaires qui se trouvent en prison pour leurs manifestations, réunions et critiques démocratiques.
 
Je suis témoin pour des écrivains et traducteurs en prison.
 
Et ici, j'accuse des procès de masse injustes menés avec une mentalité totalitaire comme cela s'est produit dans les années 1930 et 1940 ou des procès militaires des années 1970 et 1980.
 
Ici dans ce tribunal symbolique du peuple, je dénonce des crimes contre l'humanité, comme ce qui était fait au tribunal de Russel pour le Vietnam en 1968 ou au tribunal de Paris en 1984.
 
Pourquoi? Parce que je suis un journaliste pour la vérité.
 
Parce que je suis un défenseur des droits de l'Homme.

 
Parce que je suis un éditeur qui porte la responsabilité de défendre le droit de lire et écrire, de s'exprimer en pleine liberté.

 

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 23:19

Nos amis de Nouvelles d'Arménie Magazine ont mis en ligne la traduction de la conférence (en anglais) de Ragıp Zarakolu prononcée le 12 décembre 2012 à Paris. Nous les remercions vivement de cette contribution à la diffusion de sa pensée et de son combat exemplaire.

  

http://www.armenews.com/article.php3?id_article=85438

 

 

RZ, 12 12 2012 gen

 

 

Le 12 décembre 2012 à l’invitation du Groupe international de travail (GIT) « Liberté de recherche et d’enseignement » à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, en collaboration avec le CCAF, Paris et la communauté arménienne ont eu l’honneur et le privilège de recevoir l’un des chantres des droits de l’homme en Turquie, en la personne de l’éditeur Ragip Zarakolu, fondateur des éditions Belge, venu spécialement, ainsi qu’Erol Özkoray, éditeur en science politique.

La conférence, lancée par Vincent Duclert, professeur agrégé à l’EHESS a été modérée par Hamit Bozarslan, directeur d’études à l’EHESS.


En introduction de son discours, Ragip Zarakolu, visage reposé, affichant une certaine sérénité, a salué l’assemblée par les mots « Parev tsez,... shalom,... kalimera,...bonjour ! Je suis très content de me trouver ici, entre amis, Je me sens à présent moi-même plus libre »

EXCLUSIF : Traduit de l’anglais par Gilbert Béguian pour Armenews

 

Je manifeste, en Turquie, en silence, contre les restrictions en Turquie, sur l’emploi des langues modernes. J’ai fait l’objet de poursuites.

Ce procès est une comédie parce qu’ils lisent pendant des jours les 2500 pages de l’acte d’accusation, un record mondial je pense, en la matière ; vous en conviendrez, cela dénote un manque certain d’imagination et il n’y a pas de progrès en défense parce que le droit actuel sur les langues modernes y fait obstacle. J’ai donc décidé de protester en gardant le silence, plutôt que de me défendre dans la langue turque, afin qu’il soit possible de le faire en anglais, français, allemand, arménien ou kurde, ce dont ils pourraient ensuite faire usage après traduction.

Je veux parler de la liberté de l’enseignement. Il y a en général des grandes discussions sur la liberté de la presse, la liberté d’expression, mais il n’y a malheureusement pas assez de discussions sur la liberté d’enseignement, la liberté de recherche, ce qui est un problème très sérieux en Turquie. Vous savez que la période moderne de l’université turque a commencé au début de la période ottomane ; à cette époque il y avait à l’université des professeurs grecs, ou arméniens, ou juifs aux côtés de turcs, et l’un d’eux était Krikor Zohrab. Il a œuvré pour des réformes du droit et a enseigné le droit pour les générations de cette période.

La première purge dans l’enseignement a eu lieu au sein de l’université moderne qui avait été constituée avec l’apport de professeurs exilés d’Allemagne qui avaient fui pendant la période nazie. Il y a eu bien sûr un aspect positif dans cet apport mais il y a eu aussi une conséquence négative : une sorte de purge commença avec la sanction de l’un des professeurs d’histoire qui avait écrit sur le Génocide arménien. Avec d’autres enseignants, il fut chassé de l’université. La seconde purge dans l’enseignement, s’est déroulée en 1947 et 1948. Le recteur de l’époque résistait aux demandes du gouvernement et le gouvernement trouva une solution dans une loi spéciale supprimant le département de psychologie, sociologie et anthropologie pour obliger des professeurs indépendants à quitter l’université. C’était donc une tradition : dans chaque décennie à peu près, il y avait une purge dans les universités turques. La troisième purge se produisit après le coup d’état militaire de 1960, à l’encontre de quelques personnalités importantes, parmi lesquelles Sebatien Sebuldu, tenant d’un programme humaniste inspiré par la littérature mondiale qu’il avait créé pour le ministère de l’éducation, en outre l’un des fondateurs des écoles spéciales pour les villageois. Dans la même purge, un philosophe important traducteur d’œuvres littéraires, et l’intellectuel le plus en vue au cours de cette période ont été victimes de cette épuration. La quatrième purge, commença après le coup d’état militaire de 1971. A cette période, Ismael Besikci et les plus importantes figures de l’alternative présentée par l’université ont tous été chassés. La dernière purge, des plus importantes, s’est produite en 1981 avec une loi qui fut en fait un massacre intellectuel de plusieurs milliers d’enseignants de l’université.

Belge, notre maison d’édition, a été créée en 1977. A cette époque, je préparais une maîtrise à la faculté d’économie de l’université de droit et mon épouse Ayse travaillait depuis sept ans pour un institut financier de la faculté d’économie, à la bibliothèque. Les choses n’allaient pas bien pour elle et mon professeur ayant été tué par des militants ultranationalistes, nous avons alors décidé de créer une maison d’édition pour faire un centre de recherche alternatif et de la publication. Après 1981, en solidarité avec certains professeurs qui avaient été exclus de l’université, certaines personnalités ont été emprisonnées pour avoir créé une association. L’un d’entre eux, de l’université technique du Moyen Orient, avait traduit pour nous le cours de droit d’universités allemandes. Il était important à ce moment là de faire des comparaisons, et il avait traduit ce livre sous la forme d’un manuscrit parce qu’il n’était pas permis de taper des traductions à la machine. Et en 1981, aucune revue ou journal en Turquie n’était autorisée, alors nous avons décidé, devant l’interdiction de toute publication de journaux, hebdomadaires mensuels ou trimestriels, de publier annuellement. Nous avons signé un agrément avec Maspero et avons commencé à négocier la publication de l’Etat du Monde pour au moins être capable de faire en Turquie des analyses, des recherches et des comparaisons dans le monde, sur les organes de la sécurité intérieure en Amérique Latine et dans d’autres pays, ou sur les expériences en Grèce, au Portugal en Espagne en période de transition. Et en 1985, nous avons commencé à publier une revue universitaire marxiste avec des amis enseignants. C’était la première revue universitaire marxiste après la dictature militaire. Ainsi notre concept de cette période consistait à proposer des publications qui échappaient à la censure parce qu’il n’y avait rien d’explicité concernant la périodicité de deux ans, et nous avons travaillé à une histoire alternative, que nous qualifions quelquefois de ’ contre histoire ’ en regard de l’histoire officielle et de ses arrangements avec l’histoire. Au cours de la dictature militaire, la purge a été un problème, mais il s’agissait plutôt d’un nettoyage de la gauche, l’expression est mienne : c’était un massacre matériel et intellectuel contre la gauche turque, et ils ont presque réussi à détruire la gauche. Nous avons donc publié un ouvrage universitaire sur l’histoire de la gauche turque. Et Ayse a été immédiatement arrêtée et emprisonnée, et le commissaire lui dit que nous, la génération sans complexes, il voulait dire la nouvelle génération, nous voulions à nouveau créer la gauche. Ainsi la gauche était interdite à ce moment là. Tous ces écrivains comme avant eux Nazim Hikmet, surveillés, arrêtés, jugés. Par exemple, il m’est arrivé d’imprimer un livre seulement en deux exemplaires, pour mémoire, parce que c’était une sélection des œuvres poétiques de Berthold Brecht traduite par (Arqadir), qui traduisit l’Iliade et l’Odyssée en turc, et à cause d’un autre livre, il avait été arrêté et relâché, et il ne voulait pas être arrêté une nouvelle fois pour avoir traduit Berthold Brecht, et j’ai donc demandé à l’imprimeur seulement deux copies, l’une pour moi et l’une pour le poète (rires). Telle était donc la situation, et nous voulions aussi créer une histoire de la société alternative, c’est-à-dire sur la littérature grecque, par exemple, sur l’Anatolie, et c’était une sorte de ressource alternative pour l’histoire, et nous avons aussi publié un livre sur la guerre gréco-turque. Ce livre fut immédiatement interdit et illustre la façon dont nous devions réagir aux problèmes et aux ennuis, à commencer par les problèmes posés par les relations turco-grecques. Il était impossible à cette époque, même de penser à publier sur un quelconque sujet engagé, vous ne pouvez imaginer à quel point les conditions étaient dures.

En 1990, la question kurde émergea comme un problème très sérieux, et nous avons publié le livre d’Ismail Besikci, après sa période de silence de quinze ans. Il avait été emprisonné pendant longtemps. Et c’était comme si nous ne l’avions pas publié. Le livre a été imprimé en un jour, distribué en un jour, mis au ban en un jour, le gouvernement créant une déclaration spéciale, rendant responsable également l’imprimeur, le menaçant de fermeture, et l’imprimeur fut donc soumis à la censure, et c’est dans ces conditions que nous avons pu publier Besikci toit de même ; j’ai pu trouver un imprimeur dans les cercles islamistes, qui peut-être parce qu’il était courageux, ou peut-être parce qu’il n’avait pas encore eu de problèmes jusque là (rires), et ils ont accepté, et si nécessaire, ils auraient pu imprimer par la méthode de photocopie. Après cela, nous étions toujours surveillés, mais cela alimenta des discussions dans la société et contribua à des réformes partielles. Cela prit fin en 1991, année où les fameux articles contre la gauche et où les mouvements kurdes, les articles 141 et 142 furent supprimés, tout comme l’article 163 contre les publications islamistes. C’était une victoire partielle pour nous mais après seulement trois mois, ils ont instauré les lois anti-terroristes, et nous avons été les premiers éditeurs poursuivis le motif de ces lois antiterroristes, à nouveau avec Ismail Besikci, et nous sommes devenus des éditeurs terroristes, et les universitaires sont devenus des enseignants terroristes pour la Turquie, à nouveau, en sorte qu’après avoir été en prison d’abord pour avoir usé de notre liberté de conscience nous y sommes retournés plus tard comme terroristes, parce que tel était le but du système. Oui, c’est ainsi que se gèrent la liberté et l’édition et il faut continuer la vraie recherche dans ces conditions dures.

Le système en Turquie, le système turc continue, malheureusement, sous une hégémonie à présent différente ; on était avant sous hégémonie kémaliste, on est à présent sous l’hégémonie d’un Islam politique, mais qui emploie le même appareil qui a été élaboré par les militaires, parce que la constitution autorise le recours à des méthodes très fortes pour maîtriser et s’opposer à la recherche et à l’édition de travaux universitaires. Il y avait un système de contrôle avec au sommet, un président puis le YOK, Haut Comité pour les Universités, un autre acteur est l’armée, par le biais du Conseil National de Sécurité ; il est possible à présent au camp islamistes d’employer ces moyens. J’ai publié le mois passé le livre d’Yves Ternon, ce que Zarakolu et Ternon essaient de faire depuis vingt ans, et ce matin, j’ai lu les documents du procès ; et c’est actuel au point que nous pourrions avoir ces mêmes discussions en ce moment, sur l’indépendance des juges, l’importance des accords et conventions internationales, sur le droit pénal, sur les droits politiques, les droits sociaux et nous relevons les mêmes travers aujourd’hui dans les textes que le tribunal produit à Istanbul, dans les procès de mon fils et de mes amis écrivains et universitaires qui s’ouvriront dans dix jours ; et ils diront les mêmes histoires qu’alors dans les années 1990. Ainsi, nous pouvons dire qu’il y a un changement très lent, comme la marche de l’armée ottomane : deux pas en avant et toujours un pas en arrière. On ne peut pas dire qu’il y ait de grands progrès. Par exemple, j’ai été arrêté sans être torturé comme je l’ai été en 1971 mais je n’ai pas été torturé en 1981 non plus ; pour cela, je pense, je dois remercier : j’ai également pu recevoir des lettres de vous ; ils ne m’ont pas donné par contre les lettres de ma femme ou certaines autres lettres, et je les remercie pour les lettres qu’on m’a remises. Et mon ami Hrant Dink a été tué, et j’ai beaucoup de gratitude parce qu’ils ne m’ont pas tué. Chenorhagaroutioun [merci, en arménien]. En outre, je suis ici, voyez dans quel pays démocratique on se trouve ! (rires) Et je les remercie qu’ils ne m’aient pas menacé ni restreint ma liberté de me déplacer. Je suis très reconnaissant envers M. Erdogan, M. Gul [ ?], l’un est un bon gars, l’autre est un méchant. Nous verrons. Mais nous continuerons. C’est une mission pour la vérité, pour la réalité, pour la science, pour la recherche. Nous continuerons à lutter jusqu’à la fin, et nous croyons dans les jeunes générations, j’ai beaucoup d’espoir pour eux. Merci.

Question : Vous nous avez dit hier comment vous avez pu continuer votre travail d’éditeur alors que vous-même et Deniz Zarakolu êtes en prison, nous parler de vos actions concrètes cette année, comment vous pouvez publier et communiquer ?

RZ Ma principale crainte lors de mon arrestation, c’était mes livres en préparation, parce que par exemple, nous avons travaillé pendant six ans à la publication de documents allemands relatifs à 1915, et aussi, j’avais promis il y a plusieurs années à Marge Hopkin Movsessian de publier son livre, et j’ai été très heureux que notre équipe ait réussi à le faire, les jeunes, parce que nous avions perdu trois éditeurs : Ayse, il y a des années, moi et Deniz, nous étions partis, et il ne restait plus que deux personnes à la maison d’édition ; avec d’autres amis ils ont publié des documents allemands, et cela a été le plus beau cadeau pour moi. Quand j’ai été relâché, ils ont édité un livre très important. Depuis ma libération, j’ai travaillé cet été sur des documentations italiennes, récemment découvertes au sujet du Génocide arménien. Je les ai étudiées et j’ai également étudié les neufs éléments du livre des mémoires d’Andonian parce que les historiens officiels attaquent toujours ces ressources : dans les années 1980, contrairement à aujourd’hui, il n’y avait que des ressources limitées sur le Génocide arménien. Les historiens officiels attaquent deux ou trois ressources principales : la première ce sont les documents Andonian, la deuxième est le Livre Bleu, et la troisième étaient les mémoires de l’Ambassadeur Morgenthau. Ainsi, nous avons publié neuf articles et j’étais content : au moins les lecteurs turcs pourraient prendre connaissance de ces ressources. J’avais auparavant publié le Livre Bleu et aussi l’Ambassadeur Morgenthau. Nous travaillons actuellement à l’édition de Mardin, le livre d’Yves Ternon. Je suis reconnaissant à Yves Ternon d’avoir écrit une nouvelle introduction pour l’édition en turc. Mais notre travail n’est pas facile, parce qu’il n’y a pas d’équilibre, il y a à présent une industrie du négationnisme organisée par l’état. Le Génocide des Arméniens est maintenant un sujet touchant à la politique de sécurité en Turquie, et le Génocide Arménien est accepté comme une menace nationale. Il y a un comité spécial qui a commencé avec le gouvernement Ecevit Bahceli, le Comité de Lutte contre les Revendications de Génocide. Ils n’emploient pas le terme Génocide arménien parce que comme vous le savez, les Assyriens et les Grecs commencent à s’exprimer sur le sujet du génocide. Ils organisent donc des séminaires, financent des groupes. Par exemple, lorsque je faisais des recherches sur le négationnisme, j’ai appris qu’un séminaire était organisé en secret. Ils appellent des religieux pour participer à un séminaire sur le Génocide Arménien. Ou bien, dans les universités islamiques, au niveau le plus élevé, des séminaires à l’usage des universitaires, ou pour l’éducation des guides touristiques, sont organisés sur le Génocide Arménien. Si des stupides français inintelligents viennent en Turquie et posent des questions stupides sur les Arméniens, ils ont de quoi répondre. ’ Il n’y a pas de Génocide Arménien et bla bla bla bla ’. Au cours d’une discussion sur le négationnisme, un diplomate s’approcha et je lui ai demandé ce qu’il pouvait dire à ce sujet ; il a répondu par une formule en neuf points. Ensuite, quand je lui ai demandé civilement comment il allait, il m’a répondu : “ je ne peux obtenir de l’argent pour le séminaire “. Et quand je lui ai dit que l’état donnait de l’argent pour ça, il a fait comme s’il était insulté. Dans les années 1990, c’était difficile parce qu’il y avait les services de sécurité, mais à présent, c’est encore plus difficile, du fait que dans les grandes librairies, on trouve des sections ’Question arménienne’ pleines de livres négationnistes. Et nos livres, peut-être un ou deux, y sont difficiles à trouver. Le silence contre nos livres gagne. Bien sûr, il y a plus de sites libéraux dur l’Internet, il y a plus de conférences en Turquie, mais quand on voit la masse présentée dans la section universitaire, c’est terrible. Sous certains aspects, c’était mieux avant parce que dans les nouvelles générations soit c’était l’amnésie qui régnait, soit on n’était pas au courant pour toute autre raison. Mais à présent, les jeunes générations sont empoisonnées avec des fausses informations, des fausses théories, et il y a un génocide connu en Turquie, celui des Turcs ; mais le pire risque est que le Génocide n’est pas une question à l’égard des seuls Arméniens. Il y a l’Holocauste, il y a aussi les crimes contre le peuple ukrainien, ou les Circassiens, ou sur les Musulmans des Balkans, mais ils restreignent et ne donne pas des sujets de recherche sur leurs propres cycles parce que cela pourrait ouvrir la porte sur la question du Génocide arménien. Comment peut-on respecter une telle institution universitaire ? Il y a des jeunes, il y a beaucoup de jeunes chercheurs, mais en général, ils sont hors de Turquie. Ces dernières années dans les universités libérales, il y a plus de bons chercheurs du fait d’universitaires courageux, mais au total, il ne s’agit pas de la misère de la philosophie, un titre de l’œuvre de Marx, mais de la misère de ... l’université turque.

mardi 18 décembre 2012,

Jean Eckian ©armenews.com 

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 22:50

Après une série de rencontres à Paris, Ragıp Zarakolu tiendra une conférence de presse le mercredi 19 décembre 2012 à 11h à la Fédération européenne des journalistes (EFJ) sur l'état actuel de la liberté d'expression en Turquie. Le même jour, à partir de 16h30, Ragip Zarakolu se réunira avec ses amis dans les locaux des Ateliers du Soleil. Lors de cette rencontre, la Fondation Info-Türk, qui contribue à la lutte pour les droits de l'Homme et les libertés en Turquie depuis plus de 40 ans - et dont le président est Dogan Özgüden - lui remettra le certificat de prix « Info-Türk 2012 Pour la liberté », décerné début de cette année alors que Zarakolu se trouvait dans la prison de haute sécurité de type-F de Kocaeli.

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La Fédération européenne des journalistes (FEJ) organise une conférence de presse sur le thème “Liberté de la presse et liberté d’expression : qu’est-ce qui ne va pas avec la Turquie ?“, le mercredi 19 décembre 2012, à 11 heures, avec Ragip Zarakolu (chroniqueur turc, écrivain, éditeur) et Philippe Leruth (journaliste belge, vice-président de la FEJ) au Résidence Palace (rue de la Loi, 144 - 1040 Bruxelles).

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 13:12

            Alors que s’ouvre aujourd’hui la 15ème audience du procès « KCK /Istanbul » qui se déroule depuis le 10 décembre 2012 à Silivri, le GIT réitère son soutien à tous ceux qui, en exerçant leur liberté d’enseignement, de recherche et de libre diffusion des savoirs par l’édition et la traduction, se trouvent accusés injustement de terrorisme. Nous tenons à rappeler que plusieurs figures du monde intellectuel et des universités de Turquie, telles que le professeur Büşra Ersanlı et l’éditeur Ragıp Zarakolu sont toujours mis en accusation dans le cadre de ce procès politique, tandis que d’autres chercheurs comme Ayşe Berktay et Deniz Zarakolu, ainsi que de nombreux étudiants, purgent des peines de prison préventive depuis plus d’un an. Outre le scandale judiciaire de ces peines d’emprisonnement, le GIT proteste vivement la nature des accusations qui visent la pratique même de la recherche et de l’enseignement - comme s’il s’agissait d’acte de terrorisme.

            Nous, chercheurs et enseignants membres du GIT, constatons avec consternation que le gouvernement AKP, dont le ministre de l’intérieur avait déclaré, il y a tout juste un an, que certaines activités scientifiques et artistiques constituaient une « arrière-cour pour la terreur », persiste dans sa politique d’oppression envers toutes les libertés dont une démocratie est faite. Un gouvernement qui criminalise ainsi l’activité intellectuelle risque, tôt ou tard, de basculer dans la dictature – à l’opposé de l’image démocratique qu’il souhaite présenter à l’opinion internationale.

            Dans ces conditions, nous continuerons d’affirmer notre solidarité avec nos collègues turcs injustement accusés et de nous mobiliser pour que cesse cette persécution de grande ampleur. Nous demandons la libération immédiate d’Ayşe Berktay, de Deniz Zarakolu et des nombreux étudiants en détention, ainsi que la fin des poursuites arbitraires contre les hommes et les femmes de savoir en Turquie.       

 

 

 

           

 

 

           

 

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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 21:53

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Le CCAF est particulièrement redevable à Ragıp Zarakolu. Cet éditeur a été en Turquie le précurseur de la reconnaissance du génocide arménien. Celui qui a ouvert la voie, au péril de sa vie et de sa liberté. Il paye jusqu’à aujourd’hui au prix d’énormes souffrances et de risques ce combat qui participe de l’honneur de son pays. Au commencement de mon engagement, qui remonte au début des années 70, nous avions organisé avec un groupe d’étudiants un meeting à la maison d’Italie de la Cité universitaire sur le thème : « Arménien, Kurde, Turc : trois peuples en lutte ». Nous voulions alors souligner la convergence d’intérêts entre ces entités. Nous pensions que l’accession de la Turquie à une véritable démocratie passait par la reconnaissance du génocide des Arméniens et le respect des droits de ses minorités. Dans le même élan, nous souhaitions dire que le mouvement arménien n’était pas dirigé contre le peuple turc, dans une logique revancharde ou d’affrontement inter-ethniques, mais qu’il s’inscrivait contre un système d’Etat et une idéologie criminelle oppressive pour les uns et les autres.

L’engagement de Ragıp Zarakolu incarne aujourd’hui ces idéaux premiers. Il est celui qui a permis le processus de reconnaissance qui est en train de prendre forme dans certains cercles d’avant-garde de son pays. Nous lui devons les avancées enregistrées ces dernières années en Turquie (pétition des intellectuels turcs, publication de livre sur la question).

Le CCAF avait souhaité en 2005 lui exprimer sa gratitude en lui décernant une médaille du courage, lors d’une cérémonie qui s’était déroulée à la mairie de Paris le 24 avril 2005 en présence de Bertrand Delanoë. Plus récemment, nous l’avons bien sûr soutenu durant les épreuves qu’il a traversées, notamment en 2011 et 2012. Et nous avons participé à l’inscription de sa candidature au prix Nobel de la Paix, qu’il nous semblait largement mériter.

Je profite de sa venue aujourd’hui pour lui renouveler nos remerciements et pour saluer cette lueur d’espoir qu’il a allumée il y a trente ans et qui continue à nous éclairer jusqu’à aujourd’hui.

Ara Toranian

Coprésident du CCAF (Conseil de coordination des organisations arméniennes de France)

(Photographie : Jean Eckian)

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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 00:44

Ouverture par le Groupe international de travail (GIT) « Liberté de recherche et d’enseignement » de la Conférence de Ragıp Zarakolu et d’Erol Özkoray, le 12 décembre 2012 à Paris, à l’Ecole des hautes études en sciences sociales.

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Ici, à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, nous avons le plaisir d’ouvrir cette conférence très exceptionnelle par la qualité des deux orateurs, les éditeurs en sciences sociales Ragıp Zarakolu et Erol Özkoray, déployant toute leur activité intellectuelle depuis Istanbul.

 

Cette conférence est proposée en association avec la division de l’audiovisuel de l’EHESS qui assure un enregistrement video prochainement mis en ligne sur Canal U (ainsi que sur France Culture Plus), avec les éditions de l’EHESS qui incarnent une haute exigence des savoirs scientifiques et de leur rôle d’intervention dans l’espace public, et enfin avec le Conseil de coordination des associations arméniennes de France (CCAF) qui mène une action déterminée de soutien aux libertés démocratiques en Turquie dont souhaitent précisément témoigner Ragıp Zarakolu et Erol Özkoray : s’ils sont là aujourd’hui, libres et à Paris, c’est largement grâce à la solidarité qui les a entourés.

 

Ragıp Zarakolu et Erol Özkoray s’emploient à maintenir en Turquie ces droits fondamentaux que sont les libertés de production et de diffusion du savoir savant. Pour les exercer, ces deux éditeurs sont sous le coup de multiples procès, d’inculpations, ils ont connu l’incarcération préventive, la libération conditionnelle que connaît actuellement Ragıp Zarakolu après avoir été emprisonné dans un établissement de haute sécurité du de novembre 2011 à avril 2012. De ceci, l’Europe et le monde en ont peu connaissance malgré les efforts de multiples organisations des droits de l’homme, d’associations de défense des journalistes, des avocats, - et aujourd’hui, de défense des chercheurs, éditeurs, traducteurs, universitaires, étudiants.

 

Nous avons créé le GIT comme un instrument de solidarité pour ces acteurs décisifs de la démocratisation en Turquie qui nous concerne tous, tant au Moyen Orient qu’en Europe. Nous l’avons imaginé aussi comme un outil d’analyse critique pour comprendre la réalité du modèle turc dont nous vantent les médias. Il s’agit d’interroger ce modèle au regard des libertés de recherche et d’enseignement que nous tenons pour essentielles, précisément parce qu’elles permettent cette approche critiques des phénomènes sociaux, politiques, culturels.

 

Le GIT, fort aujourd’hui de centaines de chercheurs de part le monde et en Turquie, est né de la volonté de protéger ces défenseurs des libertés de savoir, ces intellectuels démocrates qui sont la dignité de la Turquie, qui s’inscrivent dans la longue lignée d’écrivains, d’artistes et de penseurs qui ont su dédaigner les lauriers, faire don de leur repos et de leur sécurité, et se placer à la pointe du combat contre la raison d’Etat, la haine de race et l’oppression, au nom de la justice et de la vérité, parce qu’ils ont pensé que leur devoir était d’agir pour faire exister un pays libre.

 

Ils ne sont pas seuls. Comme leurs combats durent depuis des décennies, depuis des décennies des solidarités se construisent en Europe comme au tréfonds de la société turque. Ces solidarités puisent leur force dans ces incroyables volontés de résister à l’écrasement, à continuer de parler, d’écrire, de créer, de publier, à l’image de Ragıp Zarakolu, engagé depuis 1968, depuis ses premiers articles pour les revues Ant (« Le Serment ») et Yeni Ufuklar (« Nouveaux Horizons »), depuis le lancement du quotidien Demokrat, depuis la création en 1977 des éditions Belge avec Ayse Nur Zarakolu.

 

Le professeur Diana Gonzalez, qui a cofondé le GIT avec Hamit Bozarslan et d’autres de nos amis très chers, et qui devait elle aussi ouvrir cette conférence, a souligné dans un message à Ragıp Zarakolu combien son engagement est capital pour l’avenir des jeunes générations, pour tous ces étudiants et étudiantes de Turquie qui rejettent l’horizon répressif qu’on leur impose, mais dont les meilleurs sont emprisonnés, jusqu’au propre fils de Ragıp Zarakolu, Deniz Zarakolu, en prison depuis quatorze mois pour avoir parlé publiquement de La politique d’Aristote.

 

Par leurs écrits puissants, leur courage résolu, leur foi dans la liberté, les intellectuels démocrates sont l’honneur de la Turquie. Ils conduisent depuis tant d’années une politique morale, rare et solennelle. Ils veillent parmi les avenues du monde, comme Nazim Hikmet arpentait les collines d’Ankara à la tombée de la nuit, à la seule lumière des « lampes de l’épicier Karabet »… Nous avons tous éprouvé, un jour dans notre vie, la lumière qui venait du passé pour éclairer notre présent de l’éclat de la vérité.

 

Cher Erol, cher Ragıp, nous vous souhaitons la bienvenue, ici, dans cet amphithéâtre François-Furet qui porte le nom d’un historien intransigeant sur les combats nécessaires, ici où nous avons tenu la première réunion du Git, à l’annonce de  votre arrestation par les forces antiterroristes, de l’arrestation du Professeur Ersanlı, de Deniz Zarakolu, de la jeune Büsra Beste, de tant d’autres qui ne renoncent ni à l’honneur ni à la connaissance. 

 

(photographie : Jean Eckian) 

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9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 12:51

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Aziz Tunç, auteur publié par les éditions Belge, a été arrêté le même jour que Deniz Zarakolu, le fils de Ragıp Zarakolu (fondateur avec sa femme Ayşe Nur, de Belge). Depuis le 7 octobre 2011, il est incarcéré. Son procès débutera le 12 décembre. Vous pouvez lui manifester votre solidarité, et à travers lui à tous les intellectuel (le) s persécutés et emprisonnés par le pouvoir d’Etat en Turquie. Ecrivez-lui !

 

Aziz Tunç  / 2 Nolu L tipi Cezaevi /  Silivri Kampusu / Silivri- İstanbul

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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 00:05

Dans le cadre de l’atelier du Groupe international de travail (GIT) « Liberté de recherche et d’enseignement en Turquie », le GIT France organise une Conférence à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, le mercredi 12 décembre 2012, de 13h à 15h, à l’amphithéâtre François-Furet, 105 boulevard Raspail, 75006 Paris.

 

L’enjeu des sciences sociales et de leur publication

dans la Turquie d’aujourd’hui

 

A Committment to the Freedom of Publishing in the social sciences

(en anglais)

par

Ragıp Zarakolu, fondateur et directeur des éditions Belge

 

Suivi de

 

D'Idea Politika à Idea Politika, 1998-2012

(en français)

par

Erol Özkoray, éditeur en science politique

 

Ouverture par Vincent Duclert, professeur agrégé à l’EHESS ; Ara Toranian, co-président du CCAF ; Hamit Bozarslan, directeur d'études à l'EHESS

 

Conclusion et modération du débat par Hamit Bozarslan et Vincent Duclert

 

 

Conférence organisée en association avec  les Editions de l'Ecole des hautes études en sciences sociales et le Conseil de Coordination des Organisations Arméniennes de France (CCAF).

Contacts : ,

 

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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 14:27

Affaire Pinar SELEK

 

Communiqué de Presse

du GIT France

 

Paris, le 1er décembre 1012

 

 

Nous, enseignants et chercheurs de France, membres du GIT, déclarons solennellement que nous sommes très inquiets pour les libertés intellectuelles et pour celle d’entreprendre des recherches  en Turquie, après l’audience du 22 novembre 2012 instruisant un procès politique contre notre collègue, la sociologue Pinar SELEK. Nous appelons à la soutenir, et à travers elle, les libertés de recherche et d’enseignement en Turquie, lors de la nouvelle audience qui aura lieu le 13 décembre.

 

 

Pinar Selek, une des sociologues les plus renommées de Turquie, connue pour ces travaux innovateurs sur les marges de la société comme les femmes, les homosexuel (le)s, les enfants des rue, les Kurdes… est en danger.

 

En 1998, elle a été accusée d’avoir placé une bombe dans le Marché aux épices d’Istanbul. Or, toutes les expertises ont clairement démontré que l’explosion intervenue était due au gaz. Elle a été accusée en raison de ses recherches et de ses engagements pour défendre les exclus de la société turque.

 

Au long d’un feuilleton judiciaire interminable, elle a été acquittée à trois reprises. Mais ces verdicts d’acquittement ont été systématiquement cassés par la Cour de cassation. Le 22 novembre 2012, un tribunal d’Istanbul (dont la cour a été subitement modifiée dans sa composition) a décidé elle aussi de revenir sur les décisions de justice, en cassant l’acquittement, d’une manière totalement illégale dans la mesure où un tribunal n’est pas autorisé à modifier un arrêt définitif déjà rendu. Par cette décision, le tribunal en question s’est substitué à la Cour de cassation. A l’audience prévue du 13 décembre 2012, la cour aura la possibilité de revenir sur sa décision et de confirmer l’acquittement. Dans le cas contraire, notre collègue sera condamnée à la prison à perpétuité, alors que son innocence a été proclamée à trois reprises.

 

Pinar Selek mène actuellement ses recherches doctorales à Strasbourg. Elle est un membre prestigieux de la communauté scientifique de France. Nous déclarons que nous sommes solidaires de notre collègue. Nous demandons pour elle, et pour tous ceux et celles actuellement en prison, inculpés ou menacés pour leur recherche ou leur enseignement, une justice respectueuse des libertés élémentaires et des droits fondamentaux.  

 

GIT France

 

 

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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 07:58

Le GIT France s'associe au Communiqué de l'association de défense du droit dans l'affaire Pinar Selek :

 

Une décision jamais vue dans l'Histoire mondiale du Droit 

 

Le procès qui avait lieu au sujet d'éventuelles vices de forme dans les cas annexes réunis avec le procès du Marché des Epices où Pinar Selek avait été acquittée trois fois de suite, s'est achevé le 22 novembre 2012 sur une décision scandaleuse. Le tribunal de la Cour pénale n° 12 d'Istanbul est revenu sur sa décision d'acquittement prise le 9 février 2011, d'une manière illégale. 

Pour la première fois dans l'Histoire mondiale du Droit, un tribunal a considéré nul et non avenu son propre  arrêt d'acquittement cassé par la Cour de cassation pour lequel il avait résisté par le passé.

Une illégalité flagrante 

Cette « décision intermédiaire » dont l’inclusion même dans l’ordre du jour était impossible selon les règles, qui a choqué les avocats et le public venu assister au procès, signifie clairement et publiquement une violation du Code de la Procédure pénale.

Selon ce code, l’acquittement n’est pas une décision intermédiaire, mais une décision finale, un arrêt. Cet arrêt ne peut faire l’objet d’un appel qu’au niveau de la Cour de cassation. Un arrêt prononcé par le tribunal n’est plus dans sa juridiction mais dans celle de la Cour de cassation. En annulant son propre arrêt, le tribunal a joué le rôle d’une cour d’appel pour sa propre décision et a joué le rôle de la Cour de cassation en examinant son propre arrêt.

La poursuite des décisions nulles et non avenues

Rappelons qu’à cause de l’appel du Procureur général, le Procès du Marché aux Epices devait aller à la Grande chambre de la Cour de Cassation. Mais comme les cas annexes se poursuivaient, la procédure attendait la fin de l’ensemble du dossier. Autrement dit, cet arrêt devrait être depuis longtemps devant la Grande chambre de la Cour de Cassation et les considérations du Procureur général sur un procès terminé étaient déjà nulles et non avenues. De la même manière la dernière décision du tribunal qui prend une telle décision montre que dans ce procès il y a une stratégie délibérée de la violation des lois.

Une opération délibérée et calculée

 

Les juges, lors d’une réunion qui a duré 1h30 qui a eu lieu avant le procès, ont pris la décision en question, en présence du procureur et en l’absence des avocats. Ensuite cette décision fut communiquée aux avocats sans aucune présentation de justification, sans accorder aux avocats un quelconque droit à la parole. De surcroit, cette décision fut prise, 1 an 9 mois après l’arrêt de l’acquittement, après 5 séances, au moment où le juge principal était en congé maladie, par un juge remplaçant ne maitrisant pas le dossier accompagné des membres nouveaux.

Il faut donc poser la question suivante : d’où trouvent ceux qui mettent leur signature au bas d’une telle série de scandales l’audace d’agir avec autant de manque de responsabilité ? La réponse à une telle question indique une opération délibérée et calculée. L’opinion publique nationale et internationale clamant la justice depuis 14 ans pour Pinar Selek sont conscientes de ce jeu des dupes et sont décidées à défaire ce jeu. 

Venez défaire ce jeu lors de la séance du 13 décembre 2012 à 14h00

Plateforme « Nous sommes toujours témoins »

 

voir également le site d'Etienne Copeaux, présent à l'audience : http://www.susam-sokak.fr/article-affaire-pinar-selek-une-audience-scandaleuse-112746966.html 

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Site De Git France (Groupe International De Travail)

L'initiative GIT

GIT France est la branche française du

Groupe de travail international (GIT)

« Liberté de recherche et d’enseignement en Turquie », une initiative internationale d’universitaires, de chercheurs, d’étudiants, de traducteurs et d’éditeurs née à Paris le 21 novembre 2011

 

sites d’nformations globales :

www.gitiniative.com

http://www.facebook.com/pages/GIT-Initiative/288505904533560?ref=ts

   

Branches du GIT dans de nombreux pays :

Branche en France : www.gitfrance.fr

Branche en Amérique du Nord : http://gitamerica.blogspot.com/

 

Branche au Royaume-Uni : Dr. Cengiz Gunes (cgunes07@gmail.com); Dr. Derya Bayir (deryabayir@gmail.com); Dr. Prakash Shah ( prakash.shah@qmul.ac.uk); Dr. Kerem Oktem (kerem.oktem@sant.ac..uk)

 

Branche en Suisse :

info@sfst.ch 

 

Branche en Turquie :  http://gitturkiye.com/  

Dr. Zeynep Gambetti (zgambetti@gmail.com) ; Dr. Nesrin Uçarlar (nesrinucarlar@gmail.com)

 

Branche en Allemagne : http://gitgermany.wordpress.com/

gitgermany@yahoo.de

 

Branche en Grèce : Vasiliki Petsa ()

 

Branche en Italie : http://gititalia.wordpress.com/

Recherche

Pour suivre l'actualité des libertés en Turquie

http://www.susam-sokak.fr/ (Blog d'Etienne Copeaux, historien de la Turquie)

http://istanbul.blog.lemonde.fr/ (Blog de Guillaume Perrier, correspondant du Monde en Turquie)

http://turquieeuropeenne.eu/ (site d'actualité et de traductions d'articles)

https://akgonul.wordpress.com/2011/12/ (Blog de Samim Agkönül, historien et politiste)

http://www.imprescriptible.fr/  (sur le génocide arménien)

(liste non exhaustive)

GITinitiative

 

 

Liens