Séminaire « Recherches sur la liberté de la recherche en
Turquie »
Organisé par la branche française du
Groupe international de Travail (GIT)
« Liberté de recherche et d’enseignement en Turquie »
Première séance, le 6 janvier 2012, à Paris,
EHESS.
La première séance du séminaire s’est donc tenue le 6 janvier. Elle a été très riche et
constructive. Elle a souligné en introduction le caractère très alarmant de la situation turque au regard des libertés fondamentales, les menaces grandissantes sur les chercheurs et la recherche
indépendante en Turquie, le développement d’un nouveau pouvoir d’Etat, toutes ces données soulignant la fin définitive du « printemps intellectuel » en Turquie des années 2000 et
l’entrée dans un régime d’oppression politique et de violence d’Etat. Deux sujets particulièrement conduisent l’Etat et le gouvernement à frapper les intellectuels, 1/ lorsque ces derniers
persistent dans leur volonté de se saisir des « sujets sensibles », 2/ lorsqu’ils constituent des dissidences tant en Turquie même qu’à l’étranger, surtout si celles-ci émanent de Turcs
qui ne peuvent être classés comme kurdes ou autres minoritaires « comploteurs » (aux yeux du gouvernement et de l’Etat turcs s’entend).
1/ Point d'information sur les collègues détenus en Turquie, sur les menaces actuelles ;
les actions possibles de solidarité ; l’organisation d’une plate-forme d’information et de collecte d’information
La discussion a porté sur les moyens de connaître les identités des personnes détenues,
professeurs, chercheurs, journalistes d’investigation, étudiants, traducteurs, éditeurs. Une position commune a été fixée : il ne sera pas possible au GITFrance d’établir cette liste par ses
propres moyens, même en comptant sur l’aide des autres branches nationale du GITinitiative ; pour certaines catégories de détenus (les journalistes, les professeurs, .. ) des associations
professionnelles ou généralistes (type Amnesty) existent qui font déjà un très bon travail, il faudra donc prendre contact avec eux et les inciter à redoubler d’efforts ; en revanche, il
existe un vrai problème d’information et d’absence d’associations de veille pour les étudiants. Aussi a-t-il été décidé que le GITFrance allait créer
un sous-groupe chargé des étudiants emprisonnés en Turquie. Ce sous-groupe Etudiants en Turquie s’occuperait aussi de la rédaction et de l’envoi des lettres du GIT à tous les
détenus en Turquie, et animera une séance du séminaire sur : « Etre étudiant en Turquie aujourd’hui. Conditions d’étude, conditions d’existence » (voir plus bas). L’activité de ce sous-groupe viserait à produire un savoir de première main sur la situation des étudiants, à établir un corpus précis des étudiants détenus,
condamnés ou anciennement détenus, et à coordonner les actions du même type dans d’autres branches du GIT. Le GITinitiative ne souhaite pas, en agissant en faveur de prisonniers emblématiques, de
se désintéresser des anonymes. Ce sous-groupe du GITFrance est là pour le prouver particulièrement. Le corpus établi pourrait servir à des études de type sociologique ou historique.
2/ Réflexion sur l’initiative GIT, ses atouts, ses limites. La question de la veille
documentaire et scientifique.
a. On a insisté sur l’importance du type d’action inaugurée par la création du GITinitiative, à
savoir la démarche professionnelle (i.e. académique et scientifique). Cela implique de travailler en chercheur sur la situation des libertés en Turquie, sur les conditions de la recherche et de
l’enseignement, sur les processus judiciaires visant les libertés de recherche et d’enseignement. Cela amène à pouvoir mobiliser des revues de turcologie et des associations disciplinaires sur le
modèle de l’Association française de science politique, à organiser des panels ou des journées d’études sur ces sujets. Le séminaire du GITFrance participera de cette démarche et de cet esprit
(voir plus bas). La force du GITinitiative, qu’il s’agit de développer encore, est de se présenter non comme des actions nationales, mais comme relevant effectivement d’une internationale de
chercheurs (au sens large). Cette définition du GITinitiative constitue un atout dans la mobilisation de l’opinion publique via les médias et les organisations internationales – ceux-ci accordant
de la confiance dans les actions de chercheurs lesquelles apportent des savoirs inédits et légitimes. Cela permet aussi de
« dénationaliser » les actions, c’est notamment important pour les chercheurs français dont un contexte où la France est actuellement « inaudible » en Turquie : ce
handicap peut être contourné par le GITFrance grâce à son identité scientifique et universitaire.
Afin de soutenir cette politique de mobilisation de l’opinion et de logique de réseaux,
un sous-groupe Action internationale a été créé au sein du GITFrance. Ce sous-groupe a notamment pour mission de contacter les médias, les
ONG, de recenser les informations de la presse internationale et éventuellement de les traduire, de susciter aussi de nouvelles signatures (les listes de signataires sont préparées par Vincent
Duclert, Hamit Bozarslan, Diana Gonzalez et Ferhat Taylan), et de répondre aux demandes des différentes des branches créées (par celle de North America souhaitant que des contributions lui soient
adressées pour leur blog http://gitamerica.blogspot.com/ ).
b. Relativement à la connaissance par l’opinion publique de l’initiative GIT et à la vocation
recherche et production de savoir du GIT, le site www.gitiniative.com sert actuellement de fil quotidien
d’informations générales stabilisées. Il sera envisagé à terme de faire de évoluer ce site vers la création d’un véritable outil de travail type « carnets de recherche » / publication
en ligne de textes et archivage des données. Les responsables des branches du GIT peuvent utiliser directement le site pour publier des annonces, notamment relatives à l’activité des
branches.
Il existe également, pour la connaissance la plus large du GITInitiative, la page globale sur
Facebook :
http://www.facebook.com/pages/GIT-Initiative/288505904533560
3/ Organisation du GITFrance. Ses relations avec les collègues de Turquie en charge du
GIT.
a. Deux sous-groupes ont donc été créés (voir plus haut), Etudiants en Turquie et Action internationale.
b. Un troisième sous-groupe est constitué, afin de
travailler aux échanges avec les collègues en charge des activités du GIT en Turquie.
c. Un nouveau sous-groupe a été envisagé après la
séance, portant sur les « sujets sensibles » qui aujourd’hui animent principalement la répression en Turquie, avec le génocide arménien et la question kurde. On considérera
s’il devra être nécessaire, pour des raisons pratiques de travail intellectuel, de séparer parfois les études conduites spécifiquement sur les deux sujets.
d. Il serait important aussi qu’un sous-groupe puisse se constituer autour des pratiques
judiciaires et pénitentiaires de l’Etat et du gouvernement turcs. Nous lançons un appel à la constitution de ce sous-groupe.
e. Ces sous-groupes fonctionnent de manière autonome, avec un ou deux responsables coordonnant
chaque équipe (avec leur adresse e-mail pour contact). Ce ou ces responsables pourront, au nom de son sous-groupe et du GITFrance, poster des informations sur l’actuel site de la branche
française www.gitfrance.fr.
f. Le GITFrance s’organise autour de ces quatre ou cinq sous-groupes. Il propose également un
séminaire de recherche sur la recherche (voir plus bas).
g. L’actuel site www.gitfrance.fr du GITFrance fonctionne
comme un fil quotidien d’information. Il sera envisagé de créer un second site, par exemple sur la plate-forme hypothèses.org, afin de disposer d’un véritable outil de travail type « carnets
de recherche » / publication en ligne de textes et archivage des données. Un appel a été lancé, notamment en direction de doctorants, pour la création de ce nouveau site, sachant que la
diffusion du savoir scientifique et la création d’outils d’information scientifique appartiennent désormais pleinement aux carrières de chercheurs..
4/ Le séminaire « Recherches sur la Liberté de recherche en Turquie »
La discussion a été également très fructueuse sur ce plan.
a. Le séminaire sera présenté comme séminaire collectif de recherche à l’EHESS (et non de l’EHESS). Le groupe initial des responsables du séminaire (Hamit Bozarslan, Cengiz Cağla, Yves
Déloye, Vincent Duclert, Diana Gonzalez, Ferhat Taylan) sera élargi à d’autres enseignants
et étudiants (ces derniers devant désigner en leur sein deux ou trois représentants). Il est préférable de donner au séminaire le titre : « Recherches sur la liberté de recherche en Turquie ».
b. Plusieurs thèmes de séance ont été proposés. Les intervenants de ces séances futures les
organiseront et les prendront en charge (et assumeront ou délégueront la rédaction d’un compte rendu). Il faudra décider des dates en fonction des thèmes (la prochaine séance est d’ores et déjà
programmée). Nous remercions à l’avance les initiateurs de ces thèmes de bien vouloir définir une date (le 27 janvier, 17 à 19 h,
id, amphithéâtre ; le 3 février, 17 à 19 h, id, amphithéâtre ; le 24 février, 17 à 19 h, salle n° 8 ; le 23 mars, 17 à 19 h, salle 8 ; le 11 mai, 17 à 19 h, salle 8)
Nous avons huit thèmes, nous disposons de cinq séances, il convient donc de déplacer trois thèmes
si possibles vers la journée d’étude.
Le point d’interrogation suivant un nom signifie que l’intervenant a été envisagé, mais qu’il n’a
ni donné son accord ni même été sollicité formellement.
27 janvier : « L’édition dangereuse en Turquie »
« Etre étudiant en Turquie aujourd’hui. Conditions d’étude, conditions d’existence »
(sous-groupe Etudiants)
« Faire terrain en Turquie »
« L’autonomie du champ intellectuel »
« Les soutiens à la dissidence intellectuelle. Etude comparée sur les cas soviétique,
algérien, turc » [thème qui peut s’intégrer à la journée d’étude, en forme de conclusion ou de table ronde, voir plus bas]
« Idéologie et pratiques de la négation d’Etat » [thème qui peut s’intégrer à la journée
d’étude, voir plus bas]
23 mars « Büsra Ersanli, universitaire, chercheuse, intellectuelle en Turquie »
« Du procès Ergenekon au procès KCK: continuités des dispositifs juridico-médiatiques »
[thème non discuté lors de la séance et proposé par la suite ; thème qui peut s’intégrer à la journée d’étude, voir plus bas]
c. La journée d’étude du 22 juin (nouvelle date,
amphithéâtre de l’EHESS, 105 bd Raspail) portera sur l’étude des dispositifs de pouvoir visant à l’éradication de la liberté intellectuelle, à partir du cas de la Turquie et d’autres exemples. Un
appel à contribution est lancé auprès de tous.
Contributions déjà envisagées :
Pour la Turquie,
« Quelle expérience de la prison pour les actuels dirigeants de l’AKP ? »
« Du procès Ergenekon au procès KCK: continuités des dispositifs
juridico-médiatiques »
Un juriste, pour une vision historique du droit anti-liberté d’expression en Turquie ?
« Idéologie et pratiques de la négation d’Etat » [thème qui peut s’intégrer à la journée
d’étude, voir plus bas]
Pour des points de comparaison
Sur les « lois scélérates » dans la République française à la fin du XIXe siècle ………
etc.
Table ronde conclusive
« Les soutiens à la dissidence intellectuelle. Etude comparée sur les cas soviétique,
algérien, turc »
d. Ce séminaire et cette journée de travail doivent être l’occasion de pouvoir réunir et entendre
des collègues animateurs d’autres branches du GIT. Ceux qui ne peuvent se déplacer peuvent adresser des communications écrites qui seront lues et diffusées.
e. La venue de collègues de Turquie en France peut donner l’occasion de les inviter au
séminaire.